Une hausse de la rémunération des dirigeants soulève une mobilisation "historique" chez les salariés de Capgemini

Les salariés toulousains du géant du numérique, Capgemini, se mobilisent. Une colère sociale liée à une augmentation de 30% de la rémunération des dirigeants alors que les augmentations salariales sont proches de zéro.

30% d’augmentation face à 45 centimes supplémentaires pour les tickets-restaurants. Les 300.000 collaborateurs du groupe Capgemini expriment leur colère face à la politique salariale de leur entreprise. Une entreprise cotée au CAC 40, présente dans 40 pays et qui compte parmi ses clients l’État français (1,1 milliard d’euros de contrat avec l’Éducation nationale, la Défense, la Santé) ou encore Airbus.

Un ras-le-bol face à des disparités de rémunération

Les syndicats pointent et dénoncent une forte disparité entre les résultats financiers et le traitement des salariés. Les négociations obligatoires annuelles (NOA) ont accouché d’un coup de pouce sur les tickets-restaurants et la rémunération du travail de nuit.

"Les collègues en ont ras-le-bol"souligne le représentant de la CGT. Plus de 80% des salariés ont un statut de cadre. Mais, souligne Robert Amade, "le fait d’être cadre permet juste de faire faire des heures sans les compter et les rémunérer." "Nous sommes des petites mains", insiste le syndicaliste. Autrement dit, les rémunérations ne sont pas forcément importantes.

Pour faire entendre leur voix et leur exaspération, les salariés ont décidé d’organiser des assemblées générales. Mais certains se sont mis carrément en grève. "Nous avons des collègues qui se sont déclarés grévistes. Ils sont sur site, en télétravail ou en clientèle. C’est du jamais vu et un vrai miracle", précise la secrétaire générale de la CGT-Capgemini, Laurence Mequecin.

La fronde ou la grogne n’est pas habituelle chez Capgemini. Sur le site d’Issy-les-Moulineaux, 4 salariés sont en grève et 50 sur l’ensemble des sites du groupe. "Cela peut paraître peu ou dérisoire, mais chez nous, c'est beaucoup", s’enthousiasme Laurence Mequecin.

 Une assemblée générale des actionnaires

Les salariés n’ont pas choisi n’importe quel jour pour se mobiliser. Ce jeudi 16 mai 2024, l’assemblée générale des actionnaires se réunit et elle doit voter l’augmentation de la rémunération des cadres dirigeants. Une augmentation chiffrée, par le CGT, à "30% en moyenne, soit 3,4 millions d’euros pour seulement 38 personnes."

Au-delà d’une injustice sociale, les représentants du personnel s’opposent à la méthode. En effet, pour redistribuer dividendes et gratification de rémunération, Capgemini pratique le rachat d’action : l’entreprise achète en Bourse ses propres actions pour en faire monter la valeur.

Emmanuel Bianchi, délégué CGT sur le site d’Aix-en-Provence, précise : "c’est habituel et on dénonce cette pratique depuis des années. Mais ce qui est nouveau, c'est qu’il n’y a pas de retour pour les salariés. Cela permet de rémunérer les actionnaires et les dirigeants."

Pour le moment, la CGT est la seule organisation syndicale à porter la contestation. Mais, selon Laurence Mequecin, d’autres syndicats doivent rejoindre le mouvement. Un mouvement qui risque de rester purement symbolique.

Les négociations salariales sont terminées et même closes. Les syndicats ont refusé de signer. Aucune nouvelle discussion n’est prévue avec la direction.

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