La découverte de 3 foyers de maladie hémorragique épizootique, la MHE, dans plusieurs élevages bovins du Sud-Ouest a de lourdes conséquences pour tous les éleveurs de la région. Toute vente d'animaux est interdite à plus de 150 kilomètres des foyers.
Le marché de la vente d'animaux est au point mort depuis la découverte à la mi-septembre de 3 foyers de MHE, la maladie hémorragique épizootique dans les Pyrénées. On fait le point sur les conséquences avec Philippe Viguier, du groupement de défense sanitaire en Tarn-et-Garonne.
Au mauvais moment
C'est un coup d'arrêt pour tous les éleveurs de la région. Tout animal, bovin, ovin, caprin et même cervidés ne peut plus être mis en vente au-delà d'un rayon de 150 kilomètres autour des trois foyers détectés. Ces bêtes étaient essentiellement destinées à l'exportation : l'Italie ou l'Algérie.
"C'est un coup dur pour tout le grand Sud-ouest", explique Philippe Viguier du GDS 82, une association de défense des éleveurs. "D'autant que ça arrive au moment où les éleveurs mettent leurs animaux sur le marché. Ils vont donc devoir les garder alors que ce n'était pas prévu."
Chute des cours
Des millions de bêtes sont concernées par les mesures de protection mise en place pour éviter que la maladie ne se propage et qu'elle ne touche d'autres élevages. Les mesures sont drastiques même s'il n'y a aucun risque de contagion pour l'homme, ni de transmission de la maladie via les produits alimentaires.
"L'Algérie a décidé de fermer la porte aux importations provenant de toute la France", regrette Philippe Viguier. "Résultat en 15 jours, le marché des broutards, qui était assez haut, commence à s'effondrer. On a déjà perdu 15 à 20% sur le prix d'un veau."
Catastrophe humaine
La Direction Générale de l'Alimentation, qui dépend du ministère de l'agriculture a débuté des négociations avec les pays européens, comme l'Espagne ou l'Italie très demandeurs de cette viande de qualité. Rien n'a filtré pour l'instant mais il y a urgence à rouvrir les marchés.
"Nous avons eu exactement la même crise et la même gestion en 2008, avec une maladie cousine de la MHE, la FCO", justifie Philippe Viguier. "Ça a été une catastrophe. Les cours se sont complètement effondrés et beaucoup d'éleveurs ne s'en sont pas remis. Cette année-là, les suicides dans les élevages ont été multipliés par 4".
Liées au réchauffement climatique
Pour qu'à la crise sanitaire, ne succède pas une nouvelle vague de suicides, les éleveurs attendent beaucoup des négociations en cours, quitte à baisser leurs prix. "Les Italiens ont besoin de nos bêtes", explique Philippe Viguier. "Il y a peu de viande de qualité sur le marché et on n’a pas les moyens de les garder dans les élevages".
Reste que ces maladies vectorielles, véhiculées souvent par des moucherons sont liées au réchauffement climatique. Les épizooties pourraient être plus fréquentes à l'avenir. La filière va donc devoir s'adapter. Car aucun vaccin n’est disponible. La seule mesure à mettre en œuvre est une désinsectisation des bovins.