Après 2 mois de médiation, un accord cadre autour du futur centre commercial géant de Plaisance-du-Touch, a été signé jeudi soir en préfecture entre cette municipalité, le Conseil départemental de la Haute-Garonne et le promoteur Unibail. Le Collectif des opposants à Val Tolosa se dit "consterné".
Un projet remodelé
C'est une nouvelle étape dans le feuilleton déjà plus que décennal du projet de centre commercial géant Val Tolosa qui avait abouti à une réunion de conciliation à l'Elysée le 13 janvier dernier.Depuis, un médiateur avait été désigné par le préfet. Pendant deux mois, ce médiateur a rencontré les différentes parties en présence pour remodeler le projet initial "pour prendre en compte au mieux, les préoccupations locales en matière d'environnement, d'impact sur le commerce existant, d'emploi et de distribution des productions agricoles locales", selon la préfecture de la Haute-Garonne.
SUR LE PLAN ENVIRONNEMENTAL :
- Le promoteur du projet Unibail s'est engagé à installer 60.000 m² de panneaux photovoltaïques sur la toiture et sur le parking du centre de commerces et de loisirs. Cette installation est censée fournir l’équivalent de la consommation électrique de Val Tolosa.
- Par ailleurs, Unibail, en partenariat avec la ville de Plaisance-du-Touch, prévoit l'accord-cadre "financera une zone de compensation, qui a été portée à 126 ha, de l’impact écologique du projet. Il sera proposé, en liaison avec le porteur du projet, aux associations de protection de l’environnement de participer au suivi de la bonne application des mesures de gestion du site et des mesures de sauvegarde des espèces. L’Etat favorisera la mise en place d’un observatoire environnemental avec, à sa tête, un représentant qualifié, qui pourrait être issu des associations, en lien avec le Centre national de la protection de la nature (CNPN)".
- Enfin, Unibail doit financer "un Eco-jardin pédagogique dédié aux enjeux de la protection de l’environnement, à la préservation de la biodiversité, à la promotion de l’agriculture biologique, d’une surface d’un hectare, intégré au sein du parc extérieur de 8 ha.
LA PRISE EN COMPTE DES ENJEUX AGRICOLES : "Une surface de vente de 2.000 m² (intégrée à la surface de vente de l’hypermarché) (...)entièrement réservée aux producteurs locaux, ainsi qu’aux produits bio".
LA PRISE EN COMPTE DES ENJEUX CULTURELS : "Un lieu dédié à la culture, articulé autour d’un cinéma nouvelle génération (2.500 places environ) intégrant une médiathèque (250 m²), et ce pour favoriser des rencontres à caractère culturel et l’animation du territoire".
LA PRISE EN COMPTE DES ENJEUX ECONOMIQUES ET D'EMPLOI : "Le soutien aux commerces de proximité susceptibles d’être touchés par la création du centre de loisirs et de commerces, sera doublé et porté à 800.000 euros. Une attention particulière sera portée aux centres villes les plus proches de Val Tolosa : La Salvetat-Saint- Gilles, Plaisance-du-Touch, Colomiers et Tournefeuille.
LA PRISE EN COMPTE DES ENJEUX ROUTIERS : La convention tripartite (Conseil Départemental, ville de Plaisance-du-Touch et Unibail-PCE), qui avait été signée en décembre 2003 fait l’objet de nouveaux engagements dans le cadre de la médiation : "la ville de Plaisance-du-Touch ayant fait part de sa volonté de conduire les travaux de voirie, pour le compte du Conseil départemental. Elle prendra en outre en charge, avec Unibail-PCE, l’intégralité du financement des travaux du premier tronçon de la RD 924".
Le projet Val Tolosa pourrait potentiellement créer près de 2.000 emplois pérennes, estime le médiateur dans son rapport.
La consternation des opposants au projet :
Le Collectif non à Val Tolosa se dit pour sa part "consterné". "Nous étions déjà extrêmement circonspects vis-à-vis de cette médiation. Nous avons rencontré une fois au mois de février le médiateur. Il s'était alors clairement prononcé pour le projet sans chercher à entendre nos arguments", regrette la porte-parole du collectif Jutta Dumas."Nous pensons toujours, précise-t-elle, que ce projet est démesuré, inutile, et qu'il ne correspond pas aux besoins de la population". Les arguments mis en avant dans l'accord cadre représentent pour la porte-parole "du pur green washing". "Faire un parcours pédagogique pour des élèves dans une nature qu'on aura saccagée, c'est du cynisme. Il s'agit d'un mélange public/privé qui, présenté sous cette forme est scandaleux", s'étouffe Jutta Dumas. "Et après on emmène les élèves faire leur courses dans le centre commercial ?", s'interroge-t-elle.
Concernant l'argument économique et de l'emploi, le Collectif estime les chiffres "complètement farfelus". "Et là encore d'un total cynisme. On va compenser quoi avec 800.000 euros", s'interroge encore Jutta Dumas. On va donner quoi à qui ?".
Du coup, le Collectif Non à Val Tolosa reporte ses espoirs sur la Cour d'Appel de Bordeaux qui doit se prononcer sur le le recours des opposants contre le permis de construire du centre commercial géant.
La préfecture a annoncé pour sa part que d'autres protocoles seraient signés entre le promoteur Unibail et la chambres de commerce et d'industrie, la chambre d'agriculture, ainsi que pôle Emploi "pour conforter la mise en oeuvre de l'accord-cadre".