Une cinquantaine de jeunes migrants isolés, déjà expulsée à plusieurs reprises, sont de nouveau sous la menace après avoir investi l'hôtel La Caravelle à Toulouse (Haute-Garonne). Jeudi 24 octobre, les forces de l'ordre ont délogé les dizaines de militants venus au soutien de ces jeunes, et risquent d'évacuer le bâtiment.
Des affrontements ont éclaté jeudi 24 octobre entre des militants venus au soutien de jeunes migrants isolés, et les forces de l'ordre. La situation a dégénéré après le refus de ces volontaires de laisser les policiers entrer dans l'hôtel où séjournent ces jeunes.
Charges et coups de matraque
Une semaine après leur expulsion d'un immeuble située avenue de Grande-Bretagne à Toulouse (Haute-Garonne), une cinquantaine de mineurs isolés ont trouvé refuge de l'autre côté de la Garonne. Ils ont investi l'hôtel La Caravelle, qui n'est plus en service, près de la gare Matabiau.
Mais les policiers sont intervenus cet après-midi, certainement pour les déloger. Sur ces images capturées par une militante, on voit les forces de l'ordre faire usage de la force pour les disperser : charges, coups de bouclier ou encore coups de matraque.
"Ils sont arrivés à 10 pour nous décaler de l'entrée de l'hôtel. Mais les militants et les médiateurs ne veulent pas les laisser rentrer" décrit une militante présente sur place. Après plusieurs minutes d'affrontements, les policiers, renforcés par le déploiement de CRS, sont parvenus à évacuer puis boucler la rue. Ils procèdent au contrôle de ces jeunes.
"Ces jeunes errent de droite à gauche"
"Ces jeunes errent de droite à gauche. Ils ont besoin de stabilité avec trêve hivernale qui arrive" lance Jennifer Gruman, membre du collectif Tous en classe 31, jointe par téléphone.
Cette dernière les suit depuis de nombreux mois : parmi eux, certains ont déjà été évacués plusieurs fois comme à l'Université Paul-Sabatier puis le gymnase de Saint-Sernin. "Ils sont très affectés. Ils ne comprennent pas qu'ils ne soient pas plus entendus, plus soutenus. C'est très dur psychologiquement" concède-t-elle.
Une présomption de minorité réclamée
Elle déplore ce traitement, "pire que des animaux", et promet que ces jeunes ne demandent qu'une chose : "poursuivre leurs démarches de tests scolaires pour les uns", et "faire leur rentrée" pour les autres. Cela, "en étant tranquille".
Jennifer Gruman tente d'interpeller les pouvoirs publics pour tenter de trouver des solutions. Elle n'a aucun retour. "Il devrait y avoir une présomption de minorité pour ces jeunes" s'agace-t-elle. "En attendant le jugement des dossiers, les pouvoirs publics devraient pouvoir les héberger. Les recours peuvent être longs."
Contactée, la préfecture de Haute-Garonne n'a pu répondre à nos sollicitations en fin de journée.