Après l'Allemagne, la France a décidé de prolonger les contrôles aux frontières, notamment celle de l'Espagne, à partir du 1er novembre 2024 pour une période de six mois, à la suite de "menaces à l’ordre public et à la sécurité intérieure". Une position vivement critiquée par la Ligue des Droits de l'Homme.
Les contrôles aux frontières vont être prolongés avec l'Espagne, le Luxembourg, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie à partir du 1er novembre. L'immigration illégale est mise en avant par le gouvernement. Cette mesure a déjà été appliquée par l'Allemagne qui s'appuie sur un texte de la Communauté européenne. Elle mentionne cette possibilité pour "de graves menaces à l'ordre public et à la sécurité intérieure posées par les activités terroristes de haut niveau".
"Reprendre le contrôle"
Depuis qu'il est ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau affirme que la France doit "reprendre le contrôle" sur l'immigration et ne saurait "être plus attractive que les autres pays européens". Il existe d'après lui sur le territoire français des activités terroristes de haut niveau et il souhaite durcir les mesures migratoires, en soulignant une présence croissante de réseaux criminels et de contrebande au sein de l’immigration irrégulière.
🚨🚧🇫🇷 ALERTE - LA FRANCE RÉINTRODUIT LE CONTRÔLE AUX FRONTIÈRES DÈS LE 1ᵉʳ NOVEMBRE ET JUSQU’AU 30 AVRIL 2025.
— DirectFR_ (@DirectFr_) October 18, 2024
👉 Les frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne sont concernées. Ceci fait suite « aux menaces sérieuses pour l'ordre… pic.twitter.com/ZwP4vZB6bo
"Ça fait quand même depuis 2015 que cette affaire dure", réagit Jean-François Mignard, président de la Ligue des Droits de l'Homme 31. "En gros, on est en train de s'asseoir sur le principe de libre circulation des personnes, quelle que soit leur nationalité dans l'espace de Schengen, ce qui est la règle. Et on manipule, mais c'est comme d'habitude. On utilise de l'exceptionnel pour invalider le droit commun, puisque l'explication, ce seraient les menaces terroristes".
Contrôles au faciès ?
Pour le représentant de la Ligue, cet état de fait est "calamiteux". Il rappelle qu'une commission d'enquête du Sénat a conclu "que les mesures prises aux frontières étaient complètement inefficaces, qu'elles ne font d'une certaine manière que perpétuer quelque chose qui se traduit concrètement, par exemple, à la frontière, au quotidien, par du contrôle au faciès. C'est-à-dire que pour les gens qui sont là pour garder la frontière, pour le dire crûment, on laisse passer le blanc et on arrête le noir et le brun. Voilà. C'est xénophobe".
Pour la LDH, on va à l'encontre des principes fondateurs de nos démocraties et aussi de la politique européenne. Ce qui prévient les actes terroristes, c'est le travail d'enquête et non le fait de rendre étanches les frontières, précise son représentant en Haute-Garonne. "On nous vend un pays assiégé pour avoir quelque chose qui est de l'ordre du contrôle social permanent".
"S'enfermer entre nous"
"Bien sûr qu'il est tout à fait légitime qu'un État et une communauté d'États aient des politiques qui soient des politiques préventives par rapport à la violence. Mais c'est un rideau de fumée, cette affaire-là. Ce n'est pas ça la vraie raison. La vraie raison, c'est de s'enfermer entre nous". Le représentant de la Ligue estime qu'il s'agit d'une ineptie et d'un mensonge et qu'on n'arrivera pas à fermer les frontières aux étrangers.
Cette prolongation des contrôles aux frontières concerne les mouvements aériens, maritimes et terrestres entre la France et ses pays frontaliers. D'après les textes, les contrôles devront être proportionnés et limités au temps minimum nécessaire pour s’assurer de la sûreté. L'objectif étant aussi de ne pas entraver outre mesure les déplacements des citoyens européens. La prolongation doit durer six mois, soit jusqu'en avril 2025.