Le groupuscule d'extrême droite Patria Albigès prévoit d'organiser un rassemblement à Albi (Tarn) le 12 octobre 2024, en hommage à deux jeunes personnes récemment assassinées. Cette initiative suscite l'indignation de plusieurs organisations locales qui dénoncent une récupération politique, tandis que la préfecture semble avoir assoupli sa position vis-à-vis des manifestations du groupe.
La doctrine vis-à-vis des groupes d'ultradroite semble avoir changé dans le Tarn. Au cours des derniers mois, les préfets Lauch et Vilbois avaient interdit l'organisation des manifestations de Patria Albigès.
Le groupuscule d'extrême droite, qui fait parler de lui quasiment chaque semaine, prévoit d'organiser samedi 12 octobre un rassemblement en hommage à Kylian et Philippine, deux jeunes personnes récemment assassinées. "Pour faire entendre notre voix, pour que cesse le laxisme judiciaire, pour l'application des OQTF, pour un renversement de la politique migratoire !" clament-ils sur le compte Instagram.
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Des membres plusieurs fois condamnés par la justice
Pourtant, cette initiative soulève une vive opposition de la part de plusieurs organisations locales, qui dénoncent une récupération politique de ces drames. Dans un communiqué commun, la CGT, la FSU, Solidaires, RESF, le MRAP 81, la LDH, EELV les écologistes ou encore le NPA et SUD, condamnent fermement l'instrumentalisation de ces événements tragiques : "Des membres de Patria Albigés ont à plusieurs reprises essuyé des condamnations en justice : l'un d'entre eux a écopé de 8 mois de prison avec sursis suite à l'agression de deux étudiants syndicalistes ; trois autres ont été condamnés en décembre 2023 à 3 mois de prison avec sursis pour incitation à la haine."
Patria Albigès est un groupe identitaire d'extrême droite basé à Albi, dans le Tarn. Formé sur les "cendres locales" de Génération identitaire, après l'interdiction de ce dernier en mars 2021, le groupuscule est connu pour ses actions controversées et parfois violentes : agressions et intimidations envers des personnes de gauche ou LGBT ou affichages xénophobes. Plusieurs de ses membres ont été condamnés par la justice.
Des risques de troubles à l'ordre public ?
Face à cette situation, les organisations signataires interpellent le nouveau préfet du Tarn, Laurent Buchaillat : "Il appartient à la Préfecture du Tarn et au nouveau Préfet, M. Laurent Buchaillat, de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour empêcher le déversement de ces propos et actes racistes et pour faire respecter la loi."
Le communiqué conclut en soulignant les risques potentiels : "La tenue d'un rassemblement organisé par un groupe qui a subi plusieurs condamnations et qui est poursuivi en justice représente un risque pour notre société et pourrait mettre des personnes en danger." Une crainte de troubles à l'ordre public à laquelle ne semblent plus souscrire les services de la préfecture.