"Il n'y a pas de bon ou de mauvais naufragé" : contre les morts en Méditerrannée, les premières assises du droit de la mer

Les premières assises du droit de la mer et des solidarités ont eu lieu, jeudi 17 octobre 2024, à Montpellier. Objectif : rappeler la responsabilité des Etats européens en matière de sauvetage, face au nombre effarant de noyés ces dernières années.

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En dix ans, la Méditerrannée a englouti 30 000 vies. Combien auraient pu être sauvées avec une politique de sauvetage européenne volontariste ? Impossible de le savoir, ou de revenir en arrière. Mais d'autres naufrages peuvent être évités.

 C'est l'espoir soufflé par les premières assises nationales du droit de la mer et des solidarités, organisées jeudi 17 octobre à Montpellier. Un événement né de la réunion des collectivités (la région Occitanie, le département de l'Hérault, la métropole de Montpellier, le Parlement de la mer) et la célèbre SOS Méditerrannée. 

États irresponsables

L'occasion de rappeler les Etats européens à leurs responsabilités. "Là, ce qu’il se passe en Méditerranée, c’est que les Etats contractants ne font pas le travail de coordination essentielle pour que tous les moyens aériens et maritimes soient mobilisés", expose le président de l'ONG François Thomas, en marge de l'évènement. 

Il cite en exemple le décret Piantedosi, introduit en Italie en janvier 2023. Une obligation, pour les navires sauveteurs, de débarquer dans des ports éloignés. En d'autres termes, selon François Thomas : "une manière de vider l’espace méditerranéen central des moyens de sauvetage".

En réponse à la théorie de l'appel d'air, l'ancien marin nie toute "corrélation" entre les départs et la présence de secours en mer : "les personnes traversent quand il y a des bonnes conditions météo". En août 2023, un rapport publié par quatre scientifiques dans la revue Nature arrivait aux mêmes conclusions : « la recherche et le sauvetage sur la route de la Méditerranée centrale n’induisent pas la migration ».

Comment réagir ? 

Avec "une politique européenne en faveur de la vie en mer", plaide Judith Sunderland, vice-présidente de la division Europe au sein de l'ONG Human Rights Watch.

Nous voudrions voir les Etats membres déployer des bateaux en mer pour aller sauver les personnes.

Judith Sunderland

Pour l'instant, "ce n'est pas du tout le cas". Sur les réseaux sociaux, l'humanitaire rappelle régulièrement les manquements du gouvernement Meloni, qui laisse le sort de migrants entre les mains violentes des garde-côtes libyens. 

Également via "du lobbying", selon le vice-président de la région Didier Codorniou, "pour que les populations ouvrent les yeux" sur notre capacité à accueillir. François Thomas, lui aussi, veut faire voir les migrants comme "des naufragés". "Sauver de vie, ce n'est ni de droite, ni de gauche, c’est un devoir d’humanité".

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