Alors qu'il venait de rouvrir, l'abattoir du Comminges, à Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne) est visé par une plainte de la part de l'association L214, qui révèle une situation alarmante concernant la gestion des porcs et des bovins, ce jeudi 29 août. Les animaux seraient victimes de mauvais traitements causés par des pratiques et du matériel défaillants.
Sur les images filmées par une caméra dissimulée dans l'abattoir intercommunal du Comminges, à Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne), un gros cochon gris est suspendu par la patte la tête en bas, en train d'être saigné. Soudain, il se décroche de la chaîne d'abattage, tombe au sol et tente de se relever. Le porc aurait dû être inconscient, étourdi au préalable par le coup de jus lancé par la pince à électronarcose. La vidéo est diffusée ce jeudi 29 août, par l'association L214.
Il n'est pas le seul à montrer des signes de conscience. Sur la vidéo, tournée le 1er juillet 2024, plusieurs cochons tentent de s'enfuir au moment de leurs étourdissements. Ils sont ramenés à coups de pied ou repoussés avec un aiguillon électrique. "La pince est systématiquement utilisée deux fois sur les cochons, rapporte L214. C'est un gros dysfonctionnement car un seul coup devrait suffire à étourdir l'animal." En cause : du matériel défectueux et un mauvais placement de celui-ci sur la tête du cochon.
Une fermeture au printemps
L'alerte a été donnée à l'association au mois de juin 2024. Cela faisait un mois que l'abattoir avait rouvert ses portes. Il avait perdu son agrément sanitaire en avril 2024, après une inspection menée à l’été 2023 qui avait révélé des "écarts significatifs par rapport aux règles d’hygiène, de protection animale et environnementale". Malgré des inspections régulières, la situation ne s’était pas améliorée, et l'abattoir avait été temporairement fermé.
Christophe Lafforgue, conseiller projet territoire de la communauté de communes du Comminges, affirme que cette fermeture avait été causée par "des soucis de fourniture de documents de mise à jour administrative, concernant le plan de maîtrise sanitaire de l'abattoir" ainsi que par "des installations électriques défectueuses, en lien avec des bâtiments vétustes". Le 15 mai 2024, la préfecture validait la réouverture de l'établissement, en indiquant que l'exploitant avait mis en œuvre des "actions correctives". Aujourd'hui "nous avons un suivi strict et nous travaillons en étroite collaboration avec les services sanitaires", assure l'élu.
Une plainte déposée
Les vidéos diffusées par L214 montrent des cochons tombés au sol raccrochés à la chaîne, ou encore des bovins mal étourdis, relevant la tête et clignant des yeux, alors qu'ils sont suspendus. L'association a déposé une plainte pour mauvais traitements auprès du procureur de la république de Saint-Gaudens, mercredi 28 août 2024. Les vidéos non floutées ont été envoyées à la justice. Pour Sébastien Arsac, cofondateur et responsable des enquêtes de L214 :"La réouverture de l’abattoir du Comminges malgré des preuves flagrantes de maltraitance animale démontre une nouvelle fois l’échec des autorités à faire appliquer la réglementation. Nous demandons la fermeture immédiate de cet établissement."
De leur côté, Christophe Lafforgue et le maire de Boulogne-sur-Gesse, Alain Boubée, ne souhaitent pas s'exprimer sur ces révélations pour le moment. "Nous avons un projet de nouvel abattoir, qui s'inscrit dans le cadre du bien-être animal, pour lequel nous faisons le maximum, déclare l'élu du Comminges. Il se peut qu'il y ait quelques défections, à la marge, dans nos abattoirs, mais cela reste marginal car nous sommes très stricts avec les règles de contrôle."