Crise de l'élevage, consommation de viande en baisse, une soixantaine d'abattoirs menacés de fermeture

Baisse du cheptel d'animaux, coût des énergies multiplié par trois, hausse de la rémunération des éleveurs, les abattoirs traversent une grave crise économique. Sur les 230 que compte la France, le tiers est menacé de fermeture. Il n'en reste plus que 16 dans l'ex-région Midi-Pyrénées, 28 en Occitanie.

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Cette semaine, l'abattoir de Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne) s'est vu suspendre son agrément sanitaire et donc son activité. Selon Paul Rouche le directeur du syndicat Culture Viande qui fédère les principales entreprises françaises, "Depuis le mois de septembre, il y a un abattoir qui ferme tous les mois, et deux qui ont fermé sur ce début d'année." D'ici à 2 à 3 ans, le tiers des 230 abattoirs français pourraient fermer. 

28 abattoirs en Occitanie, 16 en Midi-Pyrénées

En 2013, Midi-Pyrénées comptait 26 abattoirs. Ils ne sont plus que 16 aujourd'hui. Longtemps sous surveillance pour des raisons sanitaires, l'abattoir de Boulogne-sur-Gesse a donc été temporairement fermé le 12 avril dernier par la préfecture de la Haute-Garonne. Quelques semaines plus tôt, le même constat a été posé pour l'abattoir de Saint-Affrique (Aveyron) qui a donc cessé son activité. Les salariés ne sont plus payés depuis un mois. 

La crise est grave et profonde. Le tribunal de commerce de Montauban a placé l'abattoir en liquidation judiciaire le 22 novembre dernier. En Midi-Pyrénées, 4 abattoirs ont fermé leurs portes depuis 2020. Il n'en reste plus que 16.

Parmi les survivants, cinq connaissent des difficultés financières. Le groupe alimentaire aveyronnais Arcadie qui gérait 13 abattoirs a fait faillite en juin 2020.

  • Abattoir d’Auch : repris en septembre 2020 par le groupe Bigard qui quitte le site en avril 2023. Le site est désormais en difficultés financières
  • Sainte-Radegonde : repris en septembre 2020 suite à la faillite d’Arcadie
  • Tarbes : repris en septembre 2020 par Bigard après la faillite d’Arcadie
  • Montauban : repris en septembre 2019 puis fermé le 12 décembre 2023
  • Castelsarrasin : le site ferme définitivement en septembre 2021
  • Saint-Céré : en difficultés financières depuis mai 2022. Les élus lancent alors un plan de sauvetage
  • Bagnères-de-Bigorre : difficultés financières depuis des années. Menacé de fermeture en 2023
  • Saint-Affrique :  fermé depuis avril 2024, 5 mois après sa reprise
  • Boulogne-sur-Gesse : fermé depuis avril 2024. La préfecture a retiré l’agrément pour des raisons sanitaires

De multiples causes à la crise

Les difficultés du secteur s'expliquent notamment par une baisse du cheptel des animaux et des charges trop élevées. Le cheptel de bovins ne suffit plus à alimenter les outils industriels.

En six ans, la France a perdu 1M de vaches (passant de 8M à 7M) et le nombre de porcs a diminué de 6 % en un an (- 2M en 2023). Ces baisses de cheptels ont entraîné une hausse des prix : 

  • + 35% depuis 2021 pour les bovins
  • + 50% pour les porcs. 

Le prix de la viande payé aux éleveurs est supérieur au reste de l'Europe, mais il ne suffit pas à couvrir les coûts de production. Du coup, la France importe de plus en plus de viande. 27% de la consommation nationale n'est pas de la viande française contre seulement 22% en 2021. Un manque à gagner pour les abattoirs.

Au manque de matières premières, s'ajoute l'explosion des prix de l'énergie (gaz, électricité) du coût du transport et des emballages. Qui dit moins d'abattoirs en France, dit aussi plus de transport à faire pour les animaux et donc plus de frais.

Évolution de la société, mais aussi à cause de l'inflation, la consommation de viande a baissé l’année dernière, notamment sur le steak haché frais. 

Les abattoirs en surcapacité

Avec cette crise, les abattoirs ont été contraints de s'adapter. Certains ne fonctionnent plus que quatre, voire trois jours seulement par semaine. Le déficit de production entraîne une baisse de rentabilité de ces outils industriels. Faute de capitaux suffisants, ils ne peuvent plus effectuer les travaux nécessaires et encore moins investir. Remplissant de moins en moins les critères sanitaires, les autorités sont dans l'obligation de leur retirer les agréments. 

Dans un premier temps, ce sont les petites et moyennes structures qui ont souffert. Mais désormais les gros abattoirs risquent aussi d'être touchés, car ils se retrouvent en surcapacité d'abattage.

Et le phénomène risque de s'accentuer dans les prochains mois touchant les abattoirs de grande capacité. Selon le journal Les Echos, le leader français Bigard "a d'ores et déjà fait savoir qu'il ne reconstruirait pas son abattoir de Celles-sur-Belle (Deux-Sèvres), qui a brûlé le 21 septembre et qui emploie 210 personnes".

L'an dernier, le gouvernement a lancé son plan stratégique territorial pour comprendre et endiguer la saignée des abattoirs. C'est tout un système à bout de souffle qu'il va falloir revoir.   

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