Depuis le retrait de l'agrément de l'abattoir de Saint-Affrique (Aveyron) en mars 2024, les salariés n'ont pas été payés. Inquiets pour leur avenir, ils se sont réunis ce 15 avril au local CGT de la commune.
À l'abattoir de Saint-Affrique, dans l'Aveyron, l'activité est suspendue, et les salariés à bout de souffle. Ce lundi, une vingtaine d'employés se sont réunis au local CGT de Saint-Affrique pour dénoncer l'absence de paiement de leur salaire du mois de mars, après un compte rendu de la situation à la gendarmerie vendredi 12 avril. "On ne perçoit plus nos salaires, et on ne sait pas si on va les avoir ou pas, dénonce Gérard Poussel, employé à l'abattoir depuis 11 ans. Le directeur nous dit qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses, il ne sait pas s'il va pouvoir nous payer ou pas. Le propriétaire ne répond plus au téléphone, et à l'heure actuelle, on a des loyers, des crédits, des courses, des enfants, et on ne peut plus assumer."
Une fermeture pour absence de maîtrise sanitaire
Mi-mars, la préfecture de l'Aveyron a de nouveau retiré son agrément sanitaire à l'abattoir saint-affricain. En cause : des écarts par rapport notamment aux règles d'hygiène, au contrôle des activités et leur maîtrise sanitaire alors que de nouvelles inspections n'ont pas démontré de correction. L'activité avait déjà été suspendue il y a un an, mais avait redémarré en octobre dernier après la reprise par un groupe marseillais.
De nombreux dysfonctionnements
Cette nouvelle fermeture vient couronner une série de dysfonctionnements en série, que dénonce Enzo Camps, salarié. "Le problème dure depuis le début de la reprise, déclare-t-il. Dès le départ, il y a eu des retards de salaire. Ensuite, il [le directeur, ndlr] a payé assez régulièrement, mais jamais à date fixe, et ensuite, vu qu'il n'est pas capable de trouver de l'activité, il a forcé les gens à se mettre en congés. Depuis le mois d'octobre et jusqu'à aujourd'hui, il y a eu des congés imposés à toute l'équipe." D'autres problèmes, comme la réduction drastique des effectifs et le non-versement de primes, ont été signalés.
Une inquiétude grandissante
Les élus locaux et l'inspection du travail ont été alertés de la situation. Les salariés, eux, s'inquiètent pour leur avenir. "On ne peut plus se projeter dans l'avenir, soupire Gérard Pousssel. Si ça part en redressement ou en liquidation judiciaire, on sait ce qu'on va devenir, mais à l'heure actuelle, on ne sait pas si on va retravailler à l'abattoir ou pas." Une absence de communication de la part de la direction qui participe à l'inquiétude des employés, qui, soutenus par la section locale de la CGT, engagent des poursuites judiciaires. "On a pris un avocat qui devrait déposer un dossier prochainement, pour essayer de régulariser la situation, détaille Anthony Champion, salarié. On compte demander la réparation du préjudice parce que moi, j'attends, mais le banquier, il ne va pas attendre."
Propos recueillis par Mathilde De Flamesnil.