Un pilote de ligne a réussi à saisir en vidéo un phénomène extraordinaire : un "jet bleu" surgissant au-dessus d'un violent orage. Les scientifiques s'efforcent de comprendre ces événements lumineux transitoires qui défient encore notre compréhension de la météorologie.
La vidéo prise du cockpit d'un avion de ligne commerciale ne dure que 6 secondes. Un laps de temps suffisant pour admirer un violent orage et capturer un étrange phénomène : un gigantesque éclair prenant la forme d'un "tube" bleu se projetant vers le haut.
"J'ai capturé la beauté surréaliste d'un phénomène gigantesque de jet pendant mon vol de nuit, un spectacle qui sort tout droit d'un film de science-fiction ! 🌌 Connaissiez-vous ce fascinant phénomène « naturel » ? " interroge le pilote Alexander Torres sur son compte Instagram (@airbus.fr) où sa vidéo a été visionnée par plus de 10 millions de personnes à la date du 3 mars 2024, à peine une semaine après sa publication.
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Alexander Torres n'est pas le seul à avoir saisi ce type d'images au cours de ces dernières années. Guillaume Hobam (@chasseur_d.orages_lorrain), un chasseur d'orage de l'Est de la France, a en 2019 pris en photo ce phénomène lumineux et partagée sur Instagram.
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50 km dans la stratosphère en moins d’une seconde
En 2021, l'Agence spatiale européenne (ESA) avait diffusé une reproduction d'artiste de cet effet lumineux vu de l'espace. L'ESA y explique qu'il reste encore de choses à découvrir sur les phénomènes orageux. "Un jet bleu est une forme d’éclair qui jaillit vers le haut depuis des nuages d’orage. Ils peuvent atteindre 50 km dans la stratosphère et durer moins d’une seconde. Le chasseur de tempêtes spatiales a mesuré un jet bleu qui a été lancé avec cinq éclairs intenses de 10 microsecondes dans un nuage près de l'île de Naru dans l'océan Pacifique." Ce "flash" a également généré des "elfes" 'cf infographie ci-dessous).
Toujours selon l'agence européenne, "ces phénomènes pourraient même influencer la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre".
Signalésle plus souvent par des pilotes, ces "événements lumineux transitoires" sont difficiles à étudier car ils se produisent au-dessus des orages.
Un phénomène mal connu
"Des satellites les ont sondés et des observations ont même été faites depuis le sommet des montagnes, mais leur angle de vue n'est pas idéal pour collecter des données à grande échelle. En revanche, l’orbite basse de la Station spatiale internationale couvre une grande partie de la Terre le long de l’équateur et est idéalement placée pour capturer les sprites et les jets" explique l'ESA.
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Selon une étude datée de 2019 publiée dans Nature, ces phénomènes lumineux sont générés par une impulsion électromagnétique au bas de l’ionosphère, causée par une décharge de foudre. Le phénomène apparaît toutefois relativement faible et très localisé, comparativement aux éclairs qui se développent entre le sol et les nuages. Ceci suggère que les éclairs et les jets bleus résultent d’une réaction en chaîne de particules d’air ionisantes : "Nous proposons que les impulsions UV soient des elfes générés par les courants de bandes de flashs, plutôt que par les courants de foudre", expliquent les auteurs de l’article.
En-dehors de leur beauté et de leur aspect hypnotique, les "Jet Blue" ne sont pas à prendre à la légère. Ces événements peuvent en effet affecter la façon dont les ondes radio se déplacent à travers l’air et de ce fait, ont un impact potentiel sur les technologies de communication.
