Reporters sans frontières (RSF) a annoncé vendredi saisir le Défenseur des droits des cas de dix journalistes "malmenés ou brutalisés sans justification par les forces de l'ordre" au cours de manifestations. Parmi eux, le photographe toulousain Maxime Reynié, frappé à la tête en mars 2016.
Reporters sans frontières (RSF) a décidé de saisir le Défenseur des droits, Jacques Toubon, des cas de dix journalistes "malmenés ou brutalisés sans justification par les forces de l'ordre" au cours de manifestation ou d'événements publics. Parmi eux, le toulousain Maxime Reynié blessé par des CRS au cours d'une manifestation contre la loi travail en mars 2016 à Toulouse.
"De Nuit debout aux manifestations contre la loi travail en passant par les rassemblements post-électoraux, les violences policières contre des journalistes dans des manifestations se sont multipliées en France ces derniers mois", déplore RSF dans un communiqué.
"Nous saisissons le Défenseur des droits afin qu'il mène des investigations, qu'il demande des sanctions le cas échéant, et surtout qu'il adresse des recommandations fermes et précises aux autorités, notamment celle de respecter la liberté d'informer des journalistes", détaille Paul Coppin, responsable juridique de RSF.
"Exercer des violences contre des journalistes qui couvrent des manifestations relève d'une forme de censure, que nous demandons au Défenseur de condamner sans détour", déplore-t-il.
Dix journalistes concernés
RSF cite les cas de Maxime Reynié, "photographe frappé par des CRS en mars 2016 pendant une manifestation à Toulouse", Michel Soudais, "rédacteur en chef adjoint de l'hebdo Politis, qui a reçu, sans motif, un coup de matraque dans le ventre de la part d'un CRS", et de "Martin Lagardère, photographe, brutalisé par un membre des compagnies de sécurisation et d'intervention pendant une manifestation".L'association cite également la situation de Thierry Vincent "jeté à terre par un CRS" qui "a perdu connaissance pendant qu'il couvrait une manifestation en mai 2016" et d'"Estelle Ruiz, parfaitement identifiable comme journaliste, qui a reçu un tir délibéré d'une grenade de désencerclement alors qu'elle filmait un rassemblement en mai 2017".
Les journalistes Ugo Amez, Louis Witter et Michael Bunel ont quant à eux "été victimes de tirs de flashball, tirs qui étaient soit tendu, soit à bout portant, soit dirigé vers le visage" et "une autre journaliste qui souhaite rester anonyme a subi des humiliations à caractère sexuel", poursuit RSF. "Tous ces journalistes étaient pourtant identifiés comme tels, ou aisément identifiables", assure l'ONG. Si RSF "reconnaît sans équivoque la difficulté du travail de la police, notamment dans le contexte actuel - celui de l'état d'urgence, des attentats répétés - cette difficulté ne peut en aucun cas justifier que les journalistes soient victimes de violences délibérées de leur part."