Depuis quelques années, la parole sur les violences sexuelles se libère et alimente l'actualité : PPDA, Gérard Depardieu, DSK. Des actes décrits comme anormaux. Mais le sont-ils réellement ? Une question à laquelle l'hôpital Marchant de Toulouse tente de répondre, jeudi 20 avril, lors un colloque. Explications avec un sociologue du CRIAVS.
Dans tous les cas de violences sexuelles, la question principale est : quelle peine judiciaire va être prononcée contre les auteurs ? Dans un colloque organisé jeudi 20 avril à l'hôpital Marchant à Toulouse, intitulé "Violences sexuelles : entre transgression & conformisme", le CRIAVS veut aller au-delà du volet pénal et interroger le cadre social dans lequel ont lieu les violences.
"Quand quelqu'un transgresse une norme, on s'intéresse à ce qui ne va pas chez lui" simplifie Tristan Renard, sociologue au CRIAVS. "Mais on ne s'intéresse pas au cadre dans lequel il évolue", c'est-à-dire celui de la dimension massive de ces violences, qui justifie le mot "normalité".
"Le monde est plus sensibilisé" à ces violences
Ces dernières années des enquêtes ont fourni des données sur les victimes et les auteurs de ces violences. Elles ont montré que les violences sexuelles sont courantes et ont lieu dans des relations sociales où les hommes sont les auteurs et les femmes, les victimes.
Ces données montrent également que ces violences sont souvent perpétrées par des "personnes ordinaires" et dans des "contextes normaux".
Ce "prisme" de l'anormalité et de la normalité, comme l'appelle les chercheurs du CRIAVS, doit donc être questionné.
La révolution "Me Too"
Le mouvement "Me too" a contribué à changer la façon dont le public perçoit les violences sexuelles, en mettant l'accent sur les relations de pouvoir et de proximité dans différents domaines sociaux tels que le sport, les églises, la famille et le cinéma.
"Depuis Me too, il y a eu un basculement dans les politiques publiques, avec des préventions et une vision beaucoup moins pathologique" détaille Tristan Renard. "Les évolutions sont perceptibles, avec un effet générationnel : le monde est plus sensibilisé, et dénonce beaucoup plus les violences".
Le CRIAVS, qui s'occupe des "déviants", a conscience que le travail reste immense dans la prise en compte du terme "violence" chez les auteurs. "On remarque une négation même de la violence : les personnes reconnaissent, mais nient le caractère violent, et banalisent les choses" reconnaît Tristan Renard.
Le colloque "Violences sexuelles : entre transgression et conformisme" se déroule jeudi 20 avril, de 9 heures à 17 heures, à l'Auditorium de l'hôpital Gérard Marchant à Toulouse.