Violences sexuelles. C'est fini pour le groupe de hard métal Punish Yourself rattrapé par des affaires de sexe et de viols sur fonds de drogue

Punish Yourself, groupe de hard métal indus de Toulouse (Haute-Garonne), a annoncé le 11 octobre 2023 qu'il ne montera plus jamais sur scène et ne terminera pas sa tournée d'adieu. La décision fait suite à de nouvelles accusations de violences sexuelles visant le chanteur. Des faits que le principal intéressé a reconnu.

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Le groupe de hard metal indus toulousain Punish Yourself arrête. Le 11 septembre 2023, il annonçait sur sa page Facebook, le lancement de son ultime tournée après 30 ans d'existence. Une date était même annoncée au Bikini à la fin du mois d'octobre. Mais dans un autre message posté sur les réseaux sociaux le 11 octobre, le groupe déclare qu'il arrête son activité définitivement. 

De nouveaux témoignages

Cette décision tombe suite à la publication de plusieurs nouveaux témoignages publiés sur le groupe Instagram "Balance ta scène", page du "collectif de lutte et de prévention contre les violences sexistes, sexuelles, racistes, homophobes, transphobes, validistes dans la scène musicale". Il permet aux victimes d'agressions sexuelles, de viols, ou de harcèlement sexuel ou moral de s'exprimer. 

Plusieurs concernent le chanteur Vx de Punish Yourself, et certains membres du groupe. "Balance ta scène" a relayé un appel à témoignage concernant ledit chanteur. Et ils ont afflué. 

"Nous avons pris connaissance de témoignages impliquant Vx ainsi que notre groupe, Punish Yourself. Pour que leur parole soit entendue, nous relayons ces témoignages ici : https://textup.fr/733678o8. Et nous relayons ici le communiqué de Vx :« J'ai eu des comportements et des paroles toxiques, indéfendables. Je ne me défendrai pas, et je ne veux pas être défendu, tout ça n'aurait dû jamais avoir lieu et ne doit plus jamais avoir lieu, avec personne, nulle part. Il est trop tard pour présenter des excuses ; je suis désolé de tout ce que j'ai pu causer, mais ma parole sur ce sujet n'a aucun intérêt, seule compte celle des concerné.es. », écrit le chanteur. 

"Le monde a changé"

Dans ce message, le groupe s'adresse pour la première fois aux victimes et formule une sorte de mea culpa  : "Pour nous, comme pour les autrices de ces récits, le monde a changé et nous portons le même regard sur cette période sans ne pouvoir rien y changer. Elles ont décidé de relater la vision et le ressenti qu’elles ont eu de cette période et de certains évènements qui les concernaient personnellement en nous demandant dans les conclusions d'entendre ces témoignages, et de reconnaître que certaines choses n’étaient pas morales, c’est ici ce que nous faisons".

Au lendemain de la diffusion de ce communiqué, le groupe explique davantage sa décision de ne pas remonter sur scène : " Nous ne nous sentons pas capables d'assurer les dernières dates prévues de cette dernière tournée, et nous en sommes infiniment désolé-e-s. L'activité du groupe est terminée, le merchandising restera en ligne et les bénéfices seront reversés à des associations de lutte contre les VSS" (violences sexistes et sexuelles), écrit-il le 12 octobre. 

"Des filles trop alcoolisées ou droguées pour donner leur consentement"

Les victimes, de tout genre et de toute orientation sexuelle, sont nombreuses, majoritairement mineures ou à peine majeures, souvent membres du forum créé, administré et modéré par le chanteur. Il lui permettait de communiquer directement avec ses futures victimes, de les inviter à assister aux concerts et aux soirées. "On est beaucoup à avoir rejoint le forum du groupe aux alentours de 2003 / 2006. C'était super cool de trouver cette communauté, parce que pour beaucoup d'entre nous, on avait du mal à s'intégrer un peu partout, sauf à cet endroit où tout semblait ouvert, fluide, libre et hors norme", écrivent-elles dans un texte commun.

Les faits se déroulaient lors des tournées, backstages ou lors des afters. "Ce n'est un secret pour personne que le groupe affichait une devise sex, drugs et rock’n’roll et chaque after en backstage ou à l'hôtel était un cliché du genre". (...)  il n'y avait pas un soir où il n'y avait pas un élément dérangeant. Des filles trop alcoolisées ou droguées pour donner leur consentement, des filles mineures ou tout juste majeures chassées comme des proies par V., une pression savamment dosée de V. pour que les témoins restent silencieux et ne répètent pas ses multiples infidélités à ses compagnes". 

C'est justement l'une de ses ex-petites amies, Ju, 16 ans, qui a été la première à témoigner, en publiant des stories sur Instagram en 2021. "Elle y dénonçait, en particulier, le grooming et les manipulations commises par V., qui avait environ 34 ans lors des faits tandis que Ju en avait 16", rapporte le collectif en introduction, avant de publier huit témoignages accablants. Ils relatent des situations de harcèlement, d'agression sexuelle, de viols. 

"V me sautait dessus dès qu’il le pouvait pour m’embrasser, me tripoter, me déshabiller, et me demandait de repartir avec lui - ou avec lui et une autre fille".

Une victime

Des violences sexuelles dans le milieu musical

"À chaque fois que je croisais V, la séduction continuait, décrit l'une des victimes qui a rencontré le chanteur lors d'un concert dans sa ville alors qu'elle avait 16 ans et a eu accès au forum. Il passait des heures à me regarder, que sa copine du moment soit à côté de nous ou pas, me sautait dessus dès qu’il le pouvait pour m’embrasser, me tripoter, me déshabiller, et me demandait de repartir avec lui - ou avec lui et une autre fille. J’étais la plupart du temps complètement ivre, mais j’étais (selon moi) parfaitement consentante, incapable de croire que quelqu’un d’aussi cool et brillant que lui puisse s’intéresser à moi." Un jour, le chanteur lui déclare : "On n’a toujours pas couché ensemble. Il faudrait y remédier", m’a-t-il aussi annoncé un soir en m’embrassant alors que je m’apprêtais à partir. J’avais 17 ans". Et V presque 20 ans de plus. 

Ces violences sexuelles ne sont pas propres à Punish yourself mais bien du milieu musical dans lequel il évolue. D'autres ont été dénoncées dans un article de Médiapart en mai 2021, intitulé " les musiques extrêmes face à leurs démons".  Dans leur texte, plusieurs membres du forum de Punish yourself accusent également des membres d'autres formations musicales de ce type de comportement. Comme Aggrotech d'Aix-en-Provence. Après avoir repoussé les assauts de deux du batteur, in extrémis, l'une d'entre elles raconte ce qui est arrivée à l'une de ses amies, impliquant aussi le chanteur de Punish yourself. 

Sentiment de culpabilité

" I. (..) était ultra-ivre ce soir-là. Alors qu’elle était à moitié évanouie dans un lit, certaines personnes ont continué de la faire boire. Elle en pinçait pour S (NDRL du groupe Aggrotech)., qui n’était pas libre et qui n’en avait rien à foutre d’elle, mais il a tout de même couché avec elle à l’arrache dans les chiottes. Quelque temps après, j’ai appris qu’I. avait été une nouvelle fois super ivre, lors d’un festival. Je n’étais pas présente, mais elle était visiblement dans une tente, complètement déchirée. Et apparemment, elle aurait été “tournée” par S., V. et potentiellement d’autres mecs que ça aurait fait bien marrer. Je crois que c’est cette dernière anecdote qui a fini de m’écœurer des soirées avec eux".

En plus des faits, les victimes font part de leur sentiment de culpabilité de ne pas avoir pu ou su réagir lorsqu'elles ont été également témoins d'agressions ou de viols sur d'autres personnes. Ensemble, elles militent pour "une scène plus safe" et livrent des conseils pour venir en aide et surtout prévenir ces violences sexuelles. 

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