Après la mort d'un patient aux urgences de l’hôpital Purpan le 2 février, la question du sous-effectif se pose de façon critique . Au moment du drame, un seul infirmier, selon Médiacités qui révèle l'affaire, était chargé de réguler les entrées dans le service. La direction du CHU conteste.
Un sexagénaire est mort dans des conditions suspectes aux urgences du CHU de Toulouse, révèle, dans son édition de ce mardi, Médiacités.
Le 2 février dernier, relatent nos confrères, la victime, prise en charge par le Samu, à la suite d'un malaise, est admise en début d'après-midi aux urgences l'Hôpital Purpan.
Au moment du drame, en pleine épidémie de grippe, un seul infirmier régule les entrées dans le service. Il dirige le sexagénaire vers la salle collective où les patients attendent une place dans un box. Puis, après une matinée à flux tendu, l'infirmier s'accorde quelques minutes de pause. Mais lorsqu'il revient, le patient se trouve en état d'arrêt cardiaque qui lui sera fatal.
Que s'est-t-il donc exactement passé, et dans quelles conditions, alors que la direction du CHU avait activé depuis le 21 janvier dispositif "hôpital en tension", qui doit pourtant permettre selon elle d' « accueillir tous les malades dans des conditions de sécurité et de qualité les plus optimales » ?
Pour le savoir, les personnels ont déclenché deux procédures pour "Danger Grave et Imminent" qui ont abouti à des enquêtes du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Leur conclusion est sans appel : le service est en "sous-effectif structurel et conjoncturel. Les soignants ne sont pas assez nombreux pour prendre en charge les patients."
Pour le syndicat CGT, « le problème des sas et du sous-effectif est connu depuis très longtemps par la direction. Ça fait des années qu’on l’alerte sur ce sujet, mais elle l’a toujours nié ».
Du coup, le 11 février dernier, les agents du pôle Urgences ont déposé un préavis de grève portant sur « le sous-effectif structurel et conjoncturel des services des Urgences ».
De son côté, l’Agence Régionale de Santé (ARS) se contente pour l'heure d'indiquer que "le signalement de cet EIG (Evènement Indésirable Grave) a été fait auprès de l’ARS et est en cours d’instruction par nos services. »
Quant à la direction du CHU de Toulouse, elle dénonce dans un communiqué "le traitement médiatique" de cette affaire et "son instrumentalisation".
Selon elle, "la prise en charge du patient a été conforme aux recommandations de la médecine d’urgence".
"Le patient a été pris en charge par le SMUR le 2 février 2019, qui a procédé à une première évaluation médicale et aux examens initiaux, ne laissant pas apparaitre de critères de gravité. Il a ensuite été transféré au service des urgences de Purpan, où a été réalisée une nouvelle évaluation par l’infirmier organisateur de l’accueil. Celui-ci a pris la décision d’une orientation du patient vers le secteur couché des urgences. Une nouvelle évaluation médico-soignante a confirmé l’absence d’évolution de l’état du patient et de critères de gravité. Des examens complémentaires ont été prescrits, sachant que le patient ne requérait pas d’être placé sous monitoring continu. Il a été vu à plusieurs reprises par les équipes soignantes jusqu’à son aggravation brutale. La réanimation immédiatement engagée n’a pas permis d’éviter son décès", détaille-t-elle.
"Le 2 février, précise encore la direction du CHU, les effectifs alloués à l’activité du secteur dédié aux patients couchés étaient de 3 médecins, 3 internes et 8 infirmiers pour 51 patients".
Voir le reportage de Marc Raturat :