En 2018 l'artiste Deborah De Robertis s'était dénudée devant la grotte du sanctuaire de Lourdes, une action au motif de dénoncer la sexualisation du corps des femmes. Après une plainte pour exhibition sexuelle, l'artiste vient d'être condamnée ce jeudi à 2000 euros d'amendes.
Dénudée, les mains jointes et la tête recouverte d'un voile bleu, devant la grotte de Lourdes et de nombreux fidèles. En août 2018, la performance filmée de l'artiste Deborah De Robertis à Lourdes a fait l'objet d'une plainte pour "exhibition sexuelle" déposée par les sanctuaires de Lourdes. L'institution parlait à l'époque d' "un acte d'exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents", lié à une démarche "prétendument artistique".
Une audience avait eu lieu jeudi 25 juin devant le tribunal judicaire de Tarbes, durant laquelle Me Marie Dosé, avocate de l'artiste, avait plaidé la relaxe, insistant sur l'absence de caractérisation de l'infraction d'exhibition sexuelle et s'interrogeant sur la compétence d'un tribunal pour juger une performance artistique..
2000 euros d'amende
La chambre correctionnelle du tribunal judicaire a rendu sa décision ce jeudi matin par délibéré : l'artiste est condamnée à 2000 euros d'amende, dont 1000 euros avec sursis. Contactée par téléphone, l'avocate de Deborah De Robertis, Me Marie Dosé a qualifié cette décision "en complète contradiction avec les jurisprudences en matière de performance artistique" et a annoncé sa volonté d'interjeter appel.Une condamnation qui correspond aux réquisitions du Procureur. Lors de l'audience du 25 juin, il avait demandé une amende de 2.000 euros contre l'artiste, estimant que "la loi s'applique à tout le monde". "Ce n'est pas parce qu'on se pare de la liberté d'expression ou d'un cadre artistique qu'on peut se dédouaner de la rigueur de la loi", avait-t-il affirmé.
"Un terrain politique"
L'artiste a déjà été poursuivie plusieurs fois pour exhibition sexuelle et relaxée, notamment après une performance similaire au musée du Louvre, près du tableau de "La Joconde". En 2014 et 2016, elle a également fait l'objet de rappels à la loi pour deux actions dénudées au musée d'Orsay, où elle avait imité les tableaux "L'origine du monde" de Gustave Courbet et "Olympia" d'Edouard Manet.Il y a une semaine, l'artiste revenait sur sa page Facebook sur les motivations de son action.
Que le juge, les pèlerins, les prêtes fantasment est une chose mais qu’ils amalgament leurs fantasmes sexuels inconscients avec la réalité et donc qu’ils les prennent comme référence juridique, en est une autre: c’est là que précisément le terrain devient glissant, dangereux et donc politique.