Abus sexuels dans l’Église, débat sur la fin de vie... les conclusions de la conférence des Evêques de France

Deux ans après le rapport pointant les abus sexuels dans l’Église, l’heure est au bilan. À Lourdes, on mise désormais sur l’accompagnement des prêtres et la libération de la parole.

Sérénité, collégialité, écoute et fraternité. Voici quelques-unes des lignes directrices mises en avant par Monseigneur Moulins de Beaufort, président de la conférence des évêques de France (CEF), vendredi 31 mars. Durant trois jours, il a présidé la cérémonie de clôture de l’assemblée plénière des évêques de France, qui s’est tenue à Lourdes (Hautes-Pyrénées). 

Pour ce “printemps des évêques et de l’Église”, plusieurs points étaient à l’ordre du jour cette année. À commencer par l’adoption ou le rejet par la CEF des recommandations formulées par la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (CIASE) dans son rapport remis en octobre 2021. 

Nous ne pouvons pas non plus oublier les souffrances portées par des personnes, beaucoup plus nombreuses que nous ne nous le représentions jusqu’à récemment.

Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort

Accompagner et croire les victimes 

Deux ans après sa publication, “nous ne pouvons pas oublier les crimes, les violences,  les agressions commises et l’incapacité globale de l’Église en France comme ailleurs de les repérer, de les dénoncer, de les traiter avec clarté”, reconnait Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort. “Nous ne pouvons pas non plus oublier les souffrances portées par des personnes, beaucoup plus nombreuses que nous ne nous le représentions jusqu’à récemment”, ajoute-t-il encore. 

Au final, bien que bon nombre des recommandations de la CIASE n’aient pas été retenues par les membres de la CEF, plusieurs pistes tirées dudit rapport sont privilégiées par l'Église catholique pour lutter contre la pédocriminalité en son sein.

À commencer par la mise en place d’un système de mentorat au sein même de la conférence des évêques de France. Selon Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, des contrôles renforcés au sein des diocèses ou encore le développement d’un fichier national partagé doivent également être mis en place. 

Un mentorat pour lutter contre les abus

Après la vague de révélations sur les abus sexuels dans l’Église catholique, la conférence des évêques de France entend tout d’abord renforcer les contrôles au sein des diocèses afin d’identifier tout risque d’abus ou de déviance. Objectif affiché pour la CEF : mettre fin à la pédocriminalité dans l'Église catholique. “Il faut que l’Église catholique que nous servons soit libérée du poids des violences et agressions sexuelles”, a tenu à rappeler Monseigneur Eric Moulins de Beaufort dans son discours de clôture. 

Nous avons appris, ces dernières années, à écouter les personnes victimes.

Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort

Pour y parvenir, la CEF entend mettre en place plus de contrôle et surtout plus d’accompagnement des hommes d’Église. Dans les différentes études menées par la CIASE dans le sillage des révélations d’abus sexuels commis par des prêtres sur des jeunes catholiques, leur isolement continu a été identifié comme un facteur de risque aggravant dans les affaires de pédophilie. “Nous avons appris, ces dernières années, à écouter les personnes victimes. Tout passe par la formation, l’accompagnement et donc le mentorat de jeunes évêques par des prêtres aînés”, souligne Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort. 

L’ombre des débats sur la fin de vie plane 

Outre la lutte contre la pédocriminalité au sein de l’Église, la CEF s’est également exprimée sur le débat concernant le droit à mourir dans la dignité. Dès l’ouverture de l’assemblée plénière, les évêques ont indiqué qu’ils souhaitent que "le débat en cours sur la fin de vie constitue l’occasion positive d’un progrès significatif de l’accompagnement et de la prise en charge notamment de la dépendance due au grand âge dans notre pays".

Parlant d’une “aide active à vivre”, le Conseil permanent de la CEF reconnait dans un communiqué publié mardi 28 mars 2023 que “nous avons pleinement conscience que notre société doit encore progresser dans  l’accompagnement de la fin de vie et de la grande fragilité”. 

En amont des discussions, les évêques ont souligné et salué le dévouement du personnel médical. Selon leurs déclarations, "le développement encore insuffisant mais significatif des soins palliatifs" est aussi un sujet de préoccupation dans le sillage des débats sur la fin de vie en France. "La facilité légale et économique de l’aide active à mourir" peut devenir une "injonction de renoncer à vivre" pour les personnes fragiles, avance encore la CEF. 

La restructuration du CEF, l'autre grand chantier

Outre la lutte contre la pédocriminalité au sein de l’Église, la CEF s’apprête également à une vaste période de restructuration. De nombreuses pistes de réforme sont sur la table. Une équipe synodale va être formée afin de rendre un point d’étape au Vatican. Une initiative déjà encouragée par le Pape François lui-même.

Le souverain pontife souhaitait lever l’omerta dans l’Église catholique lors de la vague de révélations concernant les abus sexuels perpétrés des années durant par des prêtres, faisant de nombreuses victimes. “C'est un processus qui nous oblige désormais à mettre en commun nos actions, à partager toutes nos données et de nourrir un fichier national sur les auteurs d’abus ou de violences sexuelles”, indique Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort. Il entend ainsi “insérer au sein de l’Église une nouvelle culture de la vigilance”. 

Dans le détail, cette équipe synodale va être chapeautée en interne par le conseil permanent de la conférence des évêques de France. Deux personnes dédiées de la CEF y seront dédiées. Un point d’étape est prévu à l’horizon 2025. Mais avant de se lancer dans toutes ces réformes, le droit canonique doit donner son approbation à cette initiative. La décision devrait être rendue lors des rencontres méditerranéennes de l’Église catholique, prévues du 18 au 23 septembre prochains à Marseille. 

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