Dans le cadre de la Conférence des évêques de France qui se tient jusqu'au mardi 8 novembre 2022 à Lourdes, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort a annoncé que 11 évêques sont ou ont été mis en cause devant la justice civile ou de l'Église. Un premier pas de transparence qui soulage une association de victimes d'abus.
C'est peu dire si la Conférence des évêques 2022 se déroule dans un contexte pesant. Toujours chahutée par les abus sexuels dans l'Église, la communauté de 120 évêques, qui se réunit à Lourdes jusqu'au 8 novembre 2022, organisait un point presse "sur la lutte contre les abus". La pression était forte, car les victimes en ont assez du silence de l'Église. Le président de la Conférence des évêques, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, a évoqué ce 7 novembre le sort des évêques accusés d'abus sexuels.
Le cardinal Ricard avoue "un comportement repréhensible avec une adolescente"
Il a surtout révélé l'aveu du cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien président de la Conférence des évêques et archevêque émérite de Bordeaux. Il cite le cardinal, qui avoue "s'être comporté de manière répréhensible avec une adolescente de 14 ans il y a 35 ans", et dit "se mettre à la disposition de la justice". Un véritable choc supplémentaire pour l'Église, déjà secouée par les récentes révélations autour de Monseigneur Santier, ancien évêque de Créteil, sanctionné en 2021 pour des "abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs".
"Réfléchir à des changements dans les procédures"
Après avoir fait part de sa colère et de sa lassitude face à cette affaire, le président de la Conférence des évêques de France a martelé "qu'il n'y a pas de volonté de cacher l'affaire" de la part de l'Église. Il a également réitéré sa volonté "d'exprimer clairement et collectivement les procédures en cours", tout en "réfléchissant à des changements dans ces procédures". Une confession qui a soulagé Olivier Savignac, président de l'association "Parler et revivre".
"Les évêques ne peuvent plus se taire"
Même si Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort s'est peu attardée sur les victimes, Olivier Savignac retient des efforts dans le discours. "On assiste à un changement de posture" constate-t-il. "Certes, c'est un discours de défense, sous la contrainte, mais on sent que les évêques ne peuvent plus se taire car on ne peut plus dissimuler ou protéger". À travers ce point presse, Olivier Savignac, lui-même agressé par un prêtre pédophile, retient "la démarche de vérité" qui va permettre, selon lui, de pouvoir révéler d'autres affaires. "Cela pourrait encourager d'autres victimes à parler" pense-t-il.
La Conférence des évêques de France prend fin demain. Elle a lieu à Lourdes, depuis le 3 novembre 2022.