A l'occasion de l'assemblée plénière des évêques de France qui se tient jusqu'à ce dimanche 9 novembre à Lourdes, la question de la sexualité des ados est abordé. "Nouveau" et "audacieux" pour certains.
"Je viens de rencontrer les évêques de France à Lourdes et, franchement, c'est émouvant de voir ces grands-pères se soucier (enfin) des ados". D'un tweet, Thérèse Hargot, sexologue-blogueuse résume l'intérêt marqué de l'épiscopat pour l'éducation affective des jeunes.Tous les ans, pendant une semaine, les évêques de France se réunissent en assemblée plénière. L'occasion d'aborder divers sujets, comme ceux liés à la crise sociale, la crise politique ou encore la famille.
Je viens de rencontrer les évêques de France à Lourdes et, franchement, c'est émouvant de voir ces grand-pères se soucier (enfin) des ados.
— Thérèse Hargot (@theresehargot) 5 Novembre 2014
Tout en se cramponant à sa doctrine sur l'homosexualité, la contraception ou la chasteté avant le mariage, "l'Eglise parle (aujourd'hui) du corps, de la sexualité: c'est assez nouveau et audacieux par rapport à la vision janséniste qu'elle pouvait avoir", assure Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble et responsable du groupe de travail sur le phénomène social de l'avortement et l'éducation des jeunes.
Des jeunes en demande d'amour ?
Cependant quand elle l'évoque c'est "de manière unifiée: mon corps n'est pas indépendant de ma pensée". Un discours un peu éloigné de la culture hypersexualisée et pornographique dans laquelle "les jeunes baignent". Mais Mgr de Kerimel a bon espoir.Il se souvient qu'à l'occasion d'une séance de "questions libres" les adolescents avaient "bloqué sur la position de l'Eglise", mais étaient "en demande sur l'amour humain". Et de préciser son propos : "Quand on leur permet de découvrir la beauté de leur corps, de la sexualité et l'unité de la personne humaine, ils sont très ouverts".
Les jeunes ressentent le besoin d'une écoute de ce qu'ils vivent intérieurement, ça bouillonne en eux" Thérèse Hargot-Jacob, sexologue et blogueuse
La responsable de la pastorale des adolescents au Service national de la catéchèse abonde : "L'Eglise aborde ces questions avec moins de complexes. La 'théologie du corps' de Jean-Paul II a aidé". D'ailleurs, un Institut de théologie du corps a été crée cette année, à Lyon..
Loin de la réalité
La sexologue-blogueuse Thérèse Hargot-Jacob, elle, se méfie d'"un discours intellectuel pas du tout incarné" que l'Eglise a trop porté à son goût. A Lourdes, cette blogueuse évoluant dans la mouvance de La Manif pour tous est venue parler de son expérience inédite de sexologue dans un établissement catholique parisien, le Collège Stanislas."Les jeunes ressentent le besoin d'une écoute de ce qu'ils vivent intérieurement, ça bouillonne en eux sur le plan émotionnel", dit-elle. Avec l'idée de renforcer "l'estime de soi" des adolescents, elle travaille sur "bien d'autres enjeux" que l'avortement : l'identité de genre, les violences sexuelles, des pratiques à risque, des comportements proches de la prostitution...
La responsable de la pastorale des adolescents insiste sur le caractère large du travail à mener. Mais les moyens humains manquent, et les adultes sont souvent démunis face à ces sujets délicats. "Les évêques m'ont posé la question des jeunes, je leur ai répondu : 'formons des adultes !'", souligne-t-elle.