Les évêques réunis à Lourdes ont annoncé ce lundi 8 novembre les suites qu'ils donnent au rapport Sauvé, qui a évalué à 330.000 le nombre de victimes de prêtres et religieux pédophiles depuis 1950. Olivier Savignac, co-fondateur de l'association "Parler et revivre", réagit au nom des victimes qu'il représente.
Un mois après la publication du rapport Sauvé sur la pédo-criminalité dans l'Église qui a évalué à 330.000 le nombre de victimes d'abus sexuels depuis 1950, le président de la Conférence des évêques de France a annoncé les mesures prises ce lundi. Création d'une commission "pour la reconnaissance et la réparation" et d'un fonds d'indemnisation des victimes, recours au Vatican pour valider la prise en compte des dossiers ou encore création de groupes de travail à thèmes, telles sont les principales pistes évoquées.
Au pied du mur
"C'est plutôt une bonne annonce, réagit Olivier Savignac, co-fondateur de l'association Parler et revivre qui recueille la parole de victimes de prêtres et religieux pédophiles. L'institution va payer sur ses deniers, sur son patrimoine immobilier solidairement, de manière interdiocésaine. C'est ce que la Ciase, la Commission nationale qui a enquêté sur ces crimes sexuels préconisait".
Néanmoins, le responsable associatif fait remarquer que l'Église prend ces mesures "au pied du mur". "Elle les prend et je m'en réjouis mais je me réjouis surtout du travail de la Ciase, deux ans et demi de labeur de ces professionnels, de ces experts qui ont permis de faire bouger les lignes. Aujourd'hui, on y est et c'est du concret".
"C'est du concret"
Pour l'heure, rien n'est précisé sur le type de montants, les modalités selon lesquelles vont se faire ces indemnisations, les délais... "Avec l'association, on a fait partie de ces groupes de travail et on a vu pendant trois ans quel amateurisme était présent chez les évêques. Aujourd'hui ce qu'on attend, c'est du professionnalisme".
"On attend qu'ils s'entourent de laïcs, comme ils appellent les gens de la société mais aussi de professionnels pour les éclairer sur les bonnes décisions et sur les modalités à mettre en place", précise Olivier Savignac. "Il ne faut pas traîner car il y a des personnes qui attendent ça depuis longtemps".
Pour une reconnaissance collective
Le co-fondateur de "Parler et revivre" estime également qu'il faut cette réparation individuelle, mais pas seulement : une reconnaissance collective de la souffrance des victimes est nécessaire. "Ça va plus loin qu'une conférence de presse où on reconnaît institutionnellement et systémiquement le rôle de l'Église. C'est vraiment créer un évènement à part entière sur un lieu neutre et pas un lieu religieux pour toutes ces personnes victimes qui sont aujourd'hui très loin de l'Église".
Olivier Savignac avoue qu'il pense que le combat est loin d'être terminé, même s'il se bat depuis 15 ans pour cette reconnaissance. Il se dit aussi surpris qu'il n'y ait eu aucune annonce concernant la prévention, l'information et la formation sur ces questions d'abus sexuels.