Alors que plusieurs dizaines d'éleveurs ont manifesté ce lundi matin à Bayonne, les recherches se sont poursuivies du côté de Cauterets. 300 brebis étaient encore manquantes. Certaines auraient été retrouvées vivantes ce mardi.
Un hélicoptère de la gendarmerie nationale a survolé la zone de Cauterets, suite au nouveau dérochement qui a eu lieu en fin de semaine dernière dans le Parc national des Pyrénées. Grâce à ce dispositif, des agents du Parc, avec l’appui des éleveurs et d’un berger de la pastorale pyrénéenne, auraient retrouvé ce mardi après-midi certaines des 300 brebis manquantes.
Les éleveurs et le personnel du Parc se sont rendus sur le site pour les récupérer. Un dispositif vétérinaire a été mobilisé pour prodiguer les soins nécessaires aux animaux, avec prise en charge financière simplifiée, indique la préfecture des Hautes-Pyrénées.
Prédation confirmée
Afin de racourcir les délais d'indemnisation, une démarche simplifiée est mise en place, même en l'absence de conclusion définitive sur les causes du dérochement. "Si la prédation est à ce jour établie, poursuit la préfecture, les causes restent toujours indéterminées".
La préfecture précise que l'Etat reste mobilisé : un renforcement des patrouilles des agents du Parc et de l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) a été décidé sur les secteurs sensibles en terme de prédation.
Vendredi 30 août, 15 brebis avaient été découvertes mortes. 90 étaient blessées et 300 étaient introuvables, suite à un dérochement à Cauterets sur la frontière entre les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques.
32 bêtes euthanasiées
Les vétérinaires requis par la préfecture ont fait euthanasier 32 bêtes. Les autres ont fait l’objet de soins d’urgence, d'après la préfecture des Hautes-Pyrénées. Les 47 brebis décédées ont été évacuées de la zone et remises à leurs propriétaires.
A ce stade, les moyens de l’État sont prioritairement mobilisés dans la recherche des 300 brebis manquantes, précise la préfecture. Ces recherches devraient se poursuivre mardi 3 septembre. Ce lundi l'hélicoptère du PGHM de Pierrefitte Nestalas n'a pas pu décoller en raison du brouillard.
Cadavres à la sous-préfecture
La préfecture ajoute que les constats de dommages effectués par les agents du Parc National des Pyrénées sont en cours de finalisation, afin de permettre une indemnisation rapide des éleveurs touchés par ces évènements. Un numéro d’urgence d’aide psychologique a aussi été mis en place par la MSA (Mutualité Sociale Agricole).
En parallèle, plusieurs dizaines d'éleveurs basques et béarnais ont manifesté à Bayonne, déposant des cadavres de brebis devant la sous-préfecture, après ce qu'ils dénoncent comme une attaque d'ours contre un troupeau en estive, survenue avant le week-end.
Pas de cohabitation possible
"Voilà, la réalité c'est celle-là. C'est le résumé du panorama qu'on avait sous les yeux à Cauterets vendredi. Ça fait longtemps qu'on dit que la cohabitation avec l'ours n'est pas possible", a déclaré au micro Pampi Sainte-Marie, représentant du syndicat agricole basque ELB. Le rassemblement était également à l'appel de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques.
Deux jeunes éleveurs de 28 et 29 ans ont expliqué avoir retrouvé vendredi, quinze de leurs brebis mortes, à Cauterets (Hautes-Pyrénées), sur les flancs des montagnes
où leur troupeau d'un millier de brebis têtes noires passe la saison d'estive.
On les a trouvées à environ 2.500 mètres, déjà quasiment mangées par les vautours, a raconté Pascal Harispuru. Et hier, on en a euthanasié 36, qui étaient à l'agonie.
C'est une dizaine de ces bêtes euthanasiées que les éléveurs ont alignées sur le bitume, avec le mot "STOP" bombé en rouge.
Pas de doute sur le scénario
Pour les éleveurs, le scénario ne fait aucun doute : l'attaque a été perpétrée par une des deux ourses slovènes réintroduites en octobre en Béarn. Fin avril la prédation d'une brebis à Larrau, dans le Pays basque, avait également été imputée à l'une de ces ourses. De même qu'une attaque en novembre en Navarre, côté espagnol.
Des prélèvements ont été réalisés par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) sur les bêtes mortes à Cauterets, ont indiqué les éleveurs. Si le rapport de l'ONCFS conclut à une attaque d'ours, il permet de débloquer des indemnisations pour les bergers victimes.
"Il y a aussi le traumatisme"
"On est indemnisés pour les brebis mortes, mais il y aussi le traumatisme", se désole Pascal Harispuru. "On sait que les brebis qui attendaient des petits vont avorter dans les 15 jours, ça veut dire pas d'agneaux, pas de lait, pas de vente. On a des emprunts à rembourser. On ne sait pas ce qu'on va faire".
Selon l'ONFCS, les Pyrénées comptaient en 2018 une cinquantaine d'ours, en comptant Claverina et Sorita relâchées en octobre. L'opposition des anti-ours est particulièrement virulente dans les Pyrénées centrales, en Ariège surtout, où les ours sont plus nombreux.