Insultes, intimidations et dégradations : une colonie de vacances à Saint-Lary dégénère, les enfants renvoyés chez eux

Les organisateurs d'une colonie de vacances à Saint-Lary (Hautes-Pyrénées) réunissant des enfants et adolescents, venus de Charente et d'Occitanie, les ont renvoyés chez eux plus tôt. Une décision radicale et inhabituelle suite à la violence verbale de certains jeunes.

"Je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé" soupire Jean-François Arrivé-Beylot. 48 heures après le rapatriement en catastrophe d’une partie des enfants et adolescents accueillis dans la structure de Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées), cet organisateur de colonies de vacances depuis 22 ans pour la Fédération charentaise des œuvres laïques est encore "secoué".

Ces séjours pyrénéens sont pourtant bien rodés pour l’organisation de Charente : tous les ans, des dizaines d’enfants du département, de 7 à 15 ans, partent prendre l’air à la montagne, été comme hiver, et y retrouvent sur place des jeunes d’Occitanie. 

Une violence verbale inédite

Mais cette année, la colonie commencée le 2 août dernier a tourné court. "On a reçu des jeunes qui n’avaient rien à faire sur ce type de séjour traditionnel, encadré par des animateurs diplômés BAFA, explique Jean-François Arrivé-Beylot. Tout était prêt, avec la même équipe que l’année dernière. Mais on a dû faire face à une violence verbale de la part de jeunes qu’on n’a pas l’habitude d’avoir."

L’organisateur raconte que dès le premier soir, des problèmes de discipline éclatent.

Le premier soir en colo on ne va pas dire à des ados « vous vous couchez à 21h30 », ce n’est pas possible. Donc comme toute colo, les enfants ont mis un peu le bazar mais ensuite certains jeunes ont fait dégénérer la soirée.

Jean-François Arrivé Beylot, organisateur de la colonie de vacances

Des "semeurs de troubles" venus d'Occitanie

D’après le responsable charentais, les jeunes turbulents seraient des adolescents venus d’Occitanie, âgés de 13 à 15 ans. Dès le deuxième jour de colonie, les animateurs font appel aux gendarmes et décident d’exclure deux jeunes du centre. "Parfois ça nous arrive de devoir avoir recours à des expulsions, et ça apaise les autres, détaille Jean-François Arrivé-Beylot. Mais là ça a plutôt envenimé la situation."

Les 90 jeunes du séjour partent ensuite camper à la montagne, mais à leur retour samedi 6 août, les 12 encadrants alertent leur direction.

Les animateurs m’ont dit qu’ils avaient beaucoup de difficultés à canaliser certains jeunes. Et dans la nuit de samedi à dimanche, ça n’a pas été une nuit d’horreur non plus, mais ils ont mis le bazar encore plus que d’habitude.

Jean-François Arrivé-Beylot, organisateur de la colonie de vacances

Séjour écourté pour tout le monde

Aux insultes et aux intimidations s’ajoutent des dégradations du bâtiment. 

On n’a pas constaté de violences physiques, avec des enfants ou des animateurs maltraités par exemple. Ca n’a pas été ça. Mais ces semeurs de trouble n’avaient rien à faire en colo. 

Jean-François Arrivé-Beylot, organisateur de la colonie de vacances

Le dimanche matin, les gendarmes sont appelés sur les lieux une deuxième fois et Jean-François Arrivé-Beylot fait le choix de renvoyer chez eux les jeunes venus d’Occitanie. Des départs sont organisés en urgence, dans la journée, avec des cars jusqu’à Toulouse puis en train jusqu’à Montpellier.

La colonie devait durer jusqu’au 16 août, mais pour les enfants et adolescents du sud, turbulents ou pas, les vacances sont finies. Les jeunes charentais doivent repartir eux mercredi 10 août.

Pas suffisamment d'informations selon les organisateurs

Deux jours après, l’organisateur dénonce un manque d’informations sur les jeunes inscrits en Occitanie. "On reçoit une liste avec leurs noms et on n’a que des informations générales, les allergies alimentaires par exemple, mais rien sur d’où ils viennent ou leurs parcours." Et estime que certains devraient être encadrés par des éducateurs spécialisés.

C’est par le biais de la Caisse d’allocations familiales (CAF) que les familles d’Occitanie peuvent inscrire leurs enfants à ces séjours, dans le cadre du dispositif "Premier départ en vacances" qui permet à des jeunes issus de milieux défavorisés de partir en vacances l’été.

Un dispositif sans incidents notables depuis les années 1990

La CAF de Haute-Garonne explique qu’elle n’a qu’un rôle de financeur : elle propose aux familles éligibles, selon des critères de ressources, un catalogue de colonies de vacances pour leurs enfants et finance le séjour à hauteur de 21 euros par jour et par jeune.


Face au fiasco de cette année, la CAF de Haute-Garonne tient toutefois à signaler que depuis les années 1990 et le début du dispositif "Premiers départs en vacances" environ 50 000 jeunes sont partis en colonie sans qu’aucun incident ne soit à signaler.

L’affaire est suivie par le parquet de Tarbes qui précise qu’une seule plainte a été déposée, et ce par les organisateurs, suite à la dégradation d’une dalle de faux plafond. Aucune constatation d’agression physique ou de violence sexuelle n’a été faite.

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