La mystérieuse histoire des Cagots, un peuple maudit, parias de père en fils, à découvrir dans un musée unique en France

Si vos pérégrinations estivales vous conduisent dans les Hautes-Pyrénées, il est un musée inattendu qui vous attend au château des Nestes à Arreau : le musée des Cagots. On y découvre l'histoire d'une communauté ostracisée, méprisée, humiliée pendant près de 1000 ans. Quant à savoir pourquoi...

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Un peuple maudit, une communauté bouc émissaire de la société pyrénéenne, une caste d'intouchables, mais qui étaient les Cagots ? Pendant près de 1000 ans, des hommes et des femmes ont été mis au ban de la société, vivant à l'extérieur des bourgs, privés de certains droits, obligés de porter une patte d'oie cousue sur leurs vêtements à certaines périodes de l'histoire. Une communauté que l'on retrouve des deux côtés des Pyrénées, du Béarn au Gers. Folklore, légende ou fait historique, de nombreuses questions restent encore en suspens.

Le musée des Cagots, unique en France

À Arreau (65), une statue de bronze représentant un petit homme aux traits grossiers accueille les visiteurs à l'entrée du château des Nestes. Une statue représentant un Cagot tel qu'on se le figurait à la fin du 19ᵉ et début du 20ᵉ siècle. À l'étage, c'est la découverte d'un monde inconnu à travers les travaux de thèse du docteur Fourasté exposé dans les années 80. "C'est la discrimination de ces gens qui m'a bouleversé. Comme tout pyrénéen, j'ai connu des Cagots. Sur les bancs de l'école notamment et puis j'en ai soignés en tant que médecin", explique Raymond Fourasté aujourd'hui âgé de 90 ans.

Au fil des panneaux de présentation, un peu incrédule, le visiteur découvre que ces Cagots réputés de petite taille, étaient contraints de vivre à l'extérieur des villages, exclus de certains métiers, contraints à l'endogamie."On les soupçonnait d'être porteurs de maladies. Il leur était donc interdit de pratiquer des métiers qui pouvaient les transmettre. Ils ne pouvaient pas élever du bétail. Ils pouvaient en revanche travailler le bois, la pierre. Il y a des lignées, des générations de charpentiers, de menuisiers. C'était une forme de racisme.", explique Cécile Delaumone guide conférencière du pays d'art et d'histoire.

Descendants de Wisigoth, de lépreux, de Cathares ?

Mais à la question pourquoi cette population était discriminée, les réponses restent floues. "On a dit que les Cagots étaient des descendants de Wisigoth et que leur nom viendrait de chiens de goth. On a aussi évoqué une descendance de peuples de l'Est, grands, aux yeux bleus. Puis sont venues des théories sur des descendances de Cathares, de Sarrasins", raconte Cécile Delaumone. 

Les origines demeurent incertaines. Aux archives départementales des Hautes-Pyrénées, les registres paroissiaux, les actes notariés attestent de mentions de Cagots lors de mariages ou baptêmes. Mais le mystère reste entier sur leurs origines.

"Ce dont on est certain, c'est que l'on parle de Cagots ou Capotz dès le Moyen Âge. Aux alentours de l'an mil. Il en est fait mention dans le cartulaire de Lucq de Béarn. Et on retrouve ces appellations pendant tout le Moyen Âge et l'époque moderne. Donc ce sont des gens qui ont existé. Ce n'est pas un fantasme", explique Stéphane Abadie historien spécialiste du Moyen Âge.

En revanche, aucun écrit ne précise le pourquoi de cette discrimination. "L'abbé Loubès a démontré, il y a une vingtaine d'années, que certaines léproseries ont fait place à des cagoteries dans la région de Vic-Fezensac. Il est possible que certaines personnes qui n'avaient pas la lèpre, mais peut-être une maladie de peau, aient pu assurer leur lignée et être à l'origine des Cagots. Mais rien n'est sûr", insiste l'historien. Pas de certitude donc et beaucoup de scepticisme quant aux hypothèses les plus farfelues qui circulent. 

Ce dont les documents historiques attestent également, c'est que certains Cagots étaient des artisans de renom, réputés pour leur savoir-faire de menuisier ou charpentier. "On a des traces d'un accord conclut entre Gaston Fébus et un artisan cagot pour la construction de la charpente du château de Montaner dans les Pyrénées-Atlantiques. On faisait appel à eux pour restaurer des églises également", détaille Stéphane Abadie.

Une communauté bouc émissaire

"Il n'y pas de persécutions. C'est simplement un groupe qui est à part. Comme les Intouchables en Indes. C'est une caste qui permet peut-être au reste de la société de trouver une cohésion parce qu'on en fait le mauvais objet, le bouc émissaire, cet autre conçu comme différent alors que rien n'atteste qu'ils l'étaient !", assure le directeur des archives départementales des Hautes-Pyrénées François Giustiniani.

Les Cagots se sont peu à peu émancipés et le brassage des populations a fait disparaitre les lignées. Aujourd'hui, les traces de cette histoire restent dans la mémoire collective où le terme de cagot reste péjoratif et dénigrant. Et rares sont les villages qui préservent le souvenir de cette page de l'histoire locale à travers des noms de rue, de quartier.

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