C’est un mode de ravitaillement qui a presque disparu dans les Pyrénées. Les réserves de nourriture du refuge des Espuguettes, près de Gavarnie, sont acheminées à dos d'âne, plusieurs fois par semaine. Un mode de fonctionnement écologique, qui permet aux randonneurs et aux employés du refuge de manger des aliments frais.
C'est une méthode ancestrale qui permet aux visiteurs du refuge des Espuguettes de manger des produits frais, sur les sommets des Hautes-Pyrénées. La nourriture y est acheminée à dos d'âne.
Jour de ravitaillement
Pour profiter de la fraîcheur matinale, Benjamin Lacombe et Pierre Casteigbou se sont donnés rendez-vous à 8h ce jour-là à Gavarnie dans les Hautes-Pyrénées. L’un descend du refuge des Espuguettes, accompagné de ses deux ânes, Tchoupi et Jack. L’autre revient du supermarché.
"Il y a des légumes pour faire la soupe, du pain, pas mal de choses pour nous aussi quand même, des fruits", détaille Benjamin, l'aide gardien du refuge. "Et si les gens ne savent pas quoi monter en refuge, un petit melon ça fait toujours plaisir", plaisante-t-il.
À dos d'âne, comme avant
Reste maintenant à charger toutes ces victuailles sur le dos de Tchoupi et Jack. Car ce sont eux, les deux ânes, qui vont acheminer les vivres jusqu’au refuge à plus de 2000m d'altitude. Les deux bêtes vont transporter sur leur dos entre 30 et 60kg de provisions.
"Il faut équilibrer chaque côté pour que ce soit le plus confortable possible pour l'âne", explique Pierre, le gardien du refuge des Espuguettes. "Ensuite, on met le plus lourd, les boites de conserves, dans le fond et le plus léger, les fruits et légumes, sur le dessus pour ne pas que ça s’abîme."
Le muletage : un choix personnel
Une fois le bâtage terminé, c’est parti pour 1h15 d’ascension. À travers la forêt ou à flanc de montagne, Pierre marche au rythme de ses ânes. La montée offre des vues spectaculaires sur le massif. Un parcours que les gardiens des Espuguettes réalisent deux ou trois fois par semaine.
"On fait un gros ravitaillement par hélicoptère en tout début de saison", précise Pierre. "Mais faire du muletage, c'est un choix personnel et stratégique. On économise sur les coûts, on peut faire de la garbure et les gens peuvent manger des produits frais".
Une méthode écologique
Au total sur la saison, huit tonnes de nourriture sont transportées de cette manière. Tout est stocké au frigo et dans des réserves. Les plats, eux, sont cuisinés au jour le jour. Une démarche qui se veut aussi et surtout écologique.
"Au menu tous les jours, il y a une soupe, une entrée, un plat principal, ça peut être une viande ou un féculent et un dessert, mousse au chocolat ou panacotta", nous confie Noémie Mathieu, gardienne du refuge. "Le but, c'est vraiment de réduire les déchets et de faire des produits locaux".
Ce mode de ravitaillement assure une nourriture variée aux employés comme aux randonneurs. L'été, jusqu'à 70 repas peuvent être servis au refuge des Espuguettes chaque soir.