Des associations de protection de l'ours des Pyrénées se réjouissent évidemment de l'annonce de la naissance de deux oursons, petits de l'une des ourses réintroduites à l'automne mais reprochent à la préfecture des Hautes-Pyrénées d'avoir livré trop d'infos sur leur localisation.
Quand une bonne nouvelle en cache une mauvaise. Plusieurs associations reprochent à la préfecture des Hautes-Pyrénées une trop grande précision en publiant un communiqué annonçant que l'ourse Sorita, réintroduite dans les Pyrénées à l'automne dernier, était suitée de deux oursons.
Une localisation trop précise
Les associations reprochent à l'Etat d'avoir en fait donné la localisation de la femelle et de ses deux petits, l'endroit précis où les animaux ont été aperçus et observés à la jumelle.Pour l'association Ferus, qui estime que "la fête est gâchée", la préfecture pourrait même être poursuivie à ce sujet :
Nous rappelons que selon l’article 121-7 du code pénal, l’Etat pourrait être reconnu complice d’un acte de braconnage en ayant fourni aux potentiels braconniers des indications leur facilitant la tâche (communiqué Ferus)
L'association demande que la localisation de la mère et de ses petits ne soit plus communiquée.
"Cela risque de coûter la vie aux oursons"
La volonté d'informer le public va, selon les associations à l'encontre de l'intérêt de protection de l'espèce. Car il n'y a pas que les éventuels braconniers qui peuvent perturber la vie de la femelle et de ses petits. Pour Gérard Caussimont, du Fonds d'intervention Eco-Pastoral, interrogé par France 3, la vie des oursons pourrait même être en danger :
A cet âge-là ces oursons sont très fragiles. Ils sont tout petits, il ne peuvent pas faire de long déplacements. Et donc si l'ourse est dérangée par des photographes, des curieux ou des personnes mal intentionnées, elle va vouloir bouger et cela risque de coûter la vie aux oursons.
Nécessité d'information du public
Dans son communiqué du 29 avril, la préfecture des Hautes-Pyrénées, qui annonçait donc que les agents de l'Etat avaient pu observer l'ourse et ses deux petits à la jumelle, précisait l'endroit de cette observation :Depuis sa sortie de tanière, l’ourse Sorita se déplace lentement (du fait de la présence des oursons). Sa dernière localisation à la date du 29/04/2019 se situait sur la commune de Sazos, dans le secteur du Pic d’Ardiden (communiqué préfecture Hautes-Pyrénées)
En localisation ainsi précisément l'ourse (introduite dans les Pyrénées-Atlantiques mais qui progresse désormais dans le département voisin des Hautes-Pyréneés), l'Etat a-t-il livré des informations importantes à d'éventuels braconniers et opposants à la réintroduction des ours dans les Pyrénées ?L’Office national de la chasse et de la faune sauvage a pu établir un contact visuel avec l’ourse Sorita lâchée en Béarn en octobre 2018 et confirmer la présence d’oursons à ses côtés.
— Préfet des Hautes-Pyrénées (@Prefet65) 30 avril 2019
Pour connaître sa localisation et les bons gestes en cas de rencontre : https://t.co/oT1opVUTVD pic.twitter.com/8eZQ7Rawqa
Une publication quotidienne des mouvements des ours du massif
Pour l'Etat, il s'agit en fait d'une mission d'information au public. Alors que la saison de randonnée et de balades en montagne débute à peine, la préfecture indique vouloir tenir les usagers de la montagne au courant des secteurs dans lesquels ils peuvent, éventuellement, croiser un ours.Le site internet de la direction régionale Occitanie du ministère développement durable publie à cet effet désormais les "fiches événements" quotidiennes qui recensent les traces repérées "afin de garantir la bonne information des usagers". Et cela pour tous les ours du massif pyrénéen.
Les éleveurs ne se satisfont pas de ce dispositif, qui selon eux ne sert à rien : "Si elle doit attaquer, elle attaquera, que l'on soit là ou pas" estime Jean-Louis Lassalle, éleveur de brebis dans les Hautes-Pyrénées.