Le procès d'un jeune homme de 24 ans soupçonné d'avoir tué sa mère adoptive en 2013, dont le corps n'a jamais été retrouvé, s'est ouvert ce lundi devant les assises des Hautes-Pyrénées à Tarbes.
Dominique Aventur, enseignante d'histoire-géographie de 57 ans qui se trouvait en arrêt maladie pour dépression depuis mars 2012, a mystérieusement disparu de son domicile de Loucrup, entre Tarbes et Bagnères-de-Bigorre, en mai 2013.
Le frère de la victime, inquiet de ne plus avoir de nouvelles de sa soeur, avait donné l'alerte. Après une première enquête ouverte pour "disparition inquiétante", le procureur de Pau a décidé l'ouverture d'une information judiciaire pour "homicide volontaire" le 20 mai 2014.
Des traces de sang ont été découvertes dans le véhicule de Dominique Aventur, mais celles-ci n'étaient plus exploitables au moment de l'enquête.
Les soupçons se sont rapidement dirigés vers le fils adoptif de la victime, Daniel Aventur, qui s'était notamment approprié plusieurs biens appartenant à sa mère peu de temps après la disparition.
Pas de corps retrouvé
Le jeune homme a été mis en examen en janvier 2015 pour "homicide sur ascendant". "Je n'ai pas tué ma mère. Je ne comprendrais pas pourquoi je serais condamné", a déclaré l'accusé lors de cette première journée de procès, en partie consacrée à l'examen de sa personnalité.
Adopté à l'âge de sept ans en Haïti, puis régulièrement placé en foyer ou en famille d'accueil, il est longtemps revenu sur sa relation avec sa mère, décrivant une femme "vite colérique", "agressive" et "même violente" avec lui.
"C'est une relation qui n'a jamais eu lieu et ils en ont tous les deux conçu du ressentiment. C'est l'inverse absolu d'une relation humaine entre mère et fils", a déclaré à l'AFP Me Antoine Aussedat, l'avocat de François Aventur, le frère de la victime, partie civile dans ce procès.
"L'absence de corps rend cette affaire très particulière, mais il y a un faisceau d'indices absolument écrasants", a-t-il poursuivi.
Mais pour l'avocate de l'accusé, Me Lorea Chipi, "ce dossier est fondé sur un ensemble de constructions hypothétiques véritablement insignifiantes au regard de la solidité qui doit caractériser une condamnation devant une cour d'assises".
"Il est évident que des hypothèses, des suppositions et des présomptions ne sauraient sceller la mise en cause aussi grave d'un garçon tel que Daniel Aventur qui, au moment des faits qui lui sont reprochés, n'avait que 19 ans", a-t-elle ajouté.