"Une émotion et une surprise" : l'incroyable histoire de ces statues volées et restituées 60 ans après à une église

Disparues il y a plus de 50 ans, quatre statuettes du 17ᵉ siècle, ont retrouvé leur place, dans les niches de leur tabernacle de l'église de l'abbaye bénédictine de Saint-Sever-de-Rustan (Hautes-Pyrénées). Elles auraient été volées lors d'un concert en 1968 et finalement retrouvées cet été, parmi l'inventaire d'une vente aux enchères, au Pays-Basque.

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Les statuettes en bois doré du 17ᵉ siècle, disparues depuis plus de 50 ans, prennent parfaitement place dans les petites niches de leur tabernacle d'origine. Pour l'occasion, elles entrent par la grande porte de l'église de l'abbaye bénédictine de Saint-Sever-de-Rustan, sous l'œil de ceux qui ont participé à leur restitution.

Mises en vente aux enchères sur la Côte basque

Alors qu'il faisait des recherches sur internet, en août 2024, Thibaut de Rouvray, chargé de mission Inventaire à la Direction des archives et des patrimoines du Département des Hautes-Pyrénées, remarque trois statuettes religieuses. Rapidement, l'une de ces trois statuettes, mises en vente sur la Côte basque, lui rappelle une photo qu'il a déjà vue. Un cliché précieusement gardé par les Archives départementales. Aucun doute, les statuettes qui s'apprêtent à être vendues aux enchères avaient disparu en 1968 à Saint-Sever-de-Rustan (Haute-Pyrénées). Elles ont aujourd'hui retrouvé leur place. 

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Si la légende de leur disparition reste floue, elles sont témoins d'une histoire agitée au sein de l'abbaye de Saint-Sever. "On parle même d'une coupure de courant, ils auraient été plongés dans le noir et elles auraient disparu à ce moment-là. Donc, plus de traces depuis la fin des années 60 et ça a été une émotion et une surprise aussi de retrouver, de reconnaître en photos sur internet ces statues mise en vente sur la côte basque" explique Thibaut de Rouvray.

Pour récupérer les figurines avant le début de la vente aux enchères, il faut faire vite. Toute une procédure est donc enclenchée, afin de les restituer à la mairie de Saint-Sever, propriétaire de l'église. "Quand elles ont disparu, (NDLR en 1968) il n'y avait pas eu de plainte qui avait été portée donc moi, je suis allée porter plainte aussitôt, ce qui a pu déclencher tout le système, avec l'intervention de la gendarmerie et finalement la saisie des statuettes ainsi que leur retour" détaille Jean-Pierre Curdi, Maire de Saint-Sever-de-Rustan. La procédure aboutira, et la vente des objets sera donc annulée.

Une quatrième statuette retrouvée

"La personne qui en détenait trois sur la côte basque, qui est par ailleurs est originaire des Hautes-Pyrénées, très attachée à l'histoire du département, sa famille est originaire des alentours de Saint-Sever. Je l'ai eu au téléphone, il était ravi que ça revienne à Saint-Sever, qu'elles retrouvent leur place" relate François Giustiniani, Directeur des archives départementales des Hautes-Pyrénées. Après la découverte des trois statuettes, le détenteur guide les gendarmes sur la piste d'une possible quatrième. Les gendarmes contactent donc la personne qui était en possession de la quatrième statuette : "elle a très vite accepté de la restituer, même si elle avait une attache à cette statuette." Cette église a connu une vie tumultueuse. 

Des orgues arrachées 

Si l'histoire des statuettes se termine bien, l'église de l'abbaye bénédictine de Saint-Sever, a connu divers autres tumultes. "Dans l'histoire, il y a différentes périodes de dégradation. Il y a eu beaucoup de pertes de mobilier. Des biens nationaux ont été vendus et démantelés par les propriétaires. À Saint-Sever, il y a deux grands arrachements. Un premier, commandé par l'autorité publique au début du 19ᵉ siècle, ou le préfet, considérant que les orgues de Saint-Sever, étaient trop belles et trop grandes, demande à ce qu’elles soient transférées à l'église Saint-Jean à Tarbes."

La population de Saint-Sever, décide de s'y opposer, ce qui laissera des traces encore visibles aujourd'hui. "Le préfet fait intervenir l'armée, il y a sur la porte la trace d'un coup de hache. Finalement, ils sont enlevés, et quelques décennies plus tard encore déplacées vers l'église de Castelnau-Magnoac."

Le cloître racheté

Le cloître de l'église devait également être vendu à des marchants d'arts américains afin qu'il revienne au Cloister Museum de New-York.

"La société académique des Hautes-Pyrénées s'est opposée à cette vente, et a convaincu la mairie de Tarbes de racheter le cloître. Celui du jardin Macé de Tarbes est l'ancien cloître de Saint Sever."

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