Des boîtes aux lettres où les enfants victimes de maltraitance peuvent laisser des mots et dire leur situation, c'est une initiative de l'association Les Papillons. Une boîte aux lettres va être installée dans l'école de Bessan dans l'Hérault.
Comment aider les enfants victimes de violence à libérer la parole ? L'association Les Papillons, basée à Perpignan, intervient dans les écoles. Elle déploie depuis quelques mois des boîtes aux lettres. L'une d'elles va être installée à Bessan dans l'Hérault.
" Si tu ne peux pas le dire, écrit les choses''.
Les enfants victimes de toutes formes de maltraitance n'ont pas toujours les mots ou l'interlocuteur pour se confier. Avec ces boîtes aux lettres installées dans les écoles ou sur la commune, ils pourront écrire ou dessiner et ainsi alerter les adultes de leur situation.
L'expérience va être menée à l'école élémentaire Victor Hugo de Bessan. Cette commune héraultaise a été convaincue par l'initiative lancée par l'association Les Papillons. La boîte aux lettres sera installée cette semaine dans un premier temps au périscolaire, en périphérie de la cour sur les bâtiments municipaux. Dans le département de l'Hérault, Bessan est la toute première commune à accepter l'expérience.
"Nous n'avons pas de problèmes apparents et particuliers à Bessan. Mais c'est un dispositif intéressant pour des enfants qui sont en souffrance, c'est leur donner un moyen de s 'exprimer. La souffrance n'est pas forcement physique, explique Céline Sanchez, adjointe au maire de Bessan, chargée de l’éducation . "Les enseignants et parents d 'élèves sont partants pour ce projet."
Une fois la boîte aux lettres installée dans l'école, une équipe de bénévoles formés explique aux élèves des 14 classes ce qu'est une infraction ou une malatraitance et les incite à déposer un mot, avec leur nom afin qu'il puisse y avoir un suivi. Les mots et dessins sont récupérés et envoyés à une cellule de veille. Les informations préoccupantes sont transmises au Procureur de la République.
Un vrai succès
L'association Papillon est née à Perpignan il y a un peu plus d'un an. Et déjà 25 boîtes aux lettres sont installées dans les écoles, collèges et lycées de France et 150 dans des clubs sportifs qui seront effectives dès la réouverture des salles.
Nous n'avons jamais eu de boîtes aux lettres sans mot.
Encore dans les Bouches du Rhones cette semaine, la boîte aux lettres a suscité des réactions, comme l'indique le facebook du président de l'association :
" Il y a trois jours, une boîte aux lettres Papillons a été installée dans une école primaire des Bouches du Rhône. Dès le soir même, 5 mots étaient déjà déposés. Le plus jeune enfant avait 7 ans. Harcèlement à la cantine, violences... 5 enfants, à peine la boîte aux lettres Papillons installée, ont trouvé le courage de nous écrire ce qui leur faisait peur, ce qui leur faisait mal. "
Harcèlements et violences
En milieu scolaire, pas moins de 300 enfants ont déjà déposés des mots. Sur ces 300 mots d'enfants, 30 % concernent du harcèlement scolaire, 20 % des incivilités, et le reste des signalements de violences sexuelles, physiques ou familiales. Et 24 de ces mots ont donné lieu à des informations préoccupantes transmises au Procureur de la République qui ordonne des enquêtes sociales, 20 autres mots ont donné lieu à des consultations avec des psychologues scolaires, les autres situations se sont traitées en interne au sein de l'établissement scolaire.
Les enfants ont la certitude que l'on va les entendre. Un enfant de 7 ans ne pourrait pas appeler le 119, là il sait qu'il peut se confier.
De nombreuses communes contactent l'association, mais celle-ci rencontre encore des réticences de la part de l' Education Nationale : " C'est comme si l'Education Nationale avait la crainte d'être stigmatisée, alors que c'est le contraire, nous sommes là pour dénouer les situations et aider les enfants, " conclut Laurent Boyet.
L'association Les Papillons en plein développement est à la recherche de bénévoles et lance un appel aux bonnes volontés et aux communes héraultaises qui souhaiteraient suivre l'exemple de Bessan. Les communes qui souhaitent s'engager peuvent prendre contact en envoyant un mail à : anna.papillons34@gmail.com