Waly, un bébé de baleine grise, erre en Méditerranée depuis des semaines. Aperçu au large de la Camargue, il se dirigerait vers Agde et la côte Vermeille. Ce baleineau de 18 mois, qui mesure près de 8 mètres, est très affaibli par le manque de nourriture. Il vit normalement dans le Pacifique Nord.
La baleine grise égarée en Méditerranée va-t-elle retrouver son milieu naturel ? Même si, selon les spécialistes de l'Office Français de la Biodiversité (OFB), ce baleineau semble avoir une bonne stratégie : à savoir, suivre le littoral jusqu'à Gibraltar pour trouver la sortie de notre mer quasi fermée, il aurait très peu de chance de retrouver le Pacifique Nord.
La présence de cette jeune baleine en Méditerranée et à proximité des côtes françaises est un phénomène très rare : aucun spécimen n'y avait été observé depuis 2010 ! A l'époque, une baleine grise avait été signalée au large de Tel-Aviv et déjà, il s'agissait d'un individu égaré.
Cette espèce a été éradiquée de tout l'Océan Atlantique depuis la fin de 17e siècle à cause de la chasse baleinière. Deux populations subsistent encore dans le Pacifique, où ces mammifères se nourrissent de krill et de micro-crustacés des vases du grand Nord en aspirant le fond de la mer.
Observée au début du mois d'avril au Maroc, puis le long des côtes italiennes et ensuite en région PACA, l'animal baptisé Waly semble très affaibli par le manque de nourriture, mais il n'est pas blessé.
Elle a été vue devant le port de Sète mardi soir, et ce mercredi soir, elle se trouve à proximité de Port-la-Nouvelle, dans l'Aude.
La baleine nage actuellement à 2 nœuds en suivant la côte vers l’ouest, elle pourrait franchir la frontière espagnole vendredi. Si elle continue sa trajectoire le long des côtes, et si elle a encore assez de force, elle arrivera à Gibraltar, mais sa survie n’est pour autant pas assurée après cela.
Escorte scientifique
Depuis mardi, des biologistes marins de l'Aire marine protégée de la côte Agathoise, des scientifiques et les pompiers de l'Hérault escortent et surveillent ce bébé de deux tonnes afin qu'il ne s'échoue pas sur nos côtes.
Un prélèvement de peau par écouvillonnage a été effectué sur cette baleine grise par l’association MIRACETI qui travaille en partenariat avec l'OFB pour le suivi des cétacés en Méditerranée. Ce prélèvement d'ADN premettra de savoir si elle provient de la souche Est ou Ouest du Pacifique.
"Elle est très faible, car elle ne trouve pas sa nourriture habituelle ici. Lors du prélèvement, elle respirait toutefois régulièrement et continuait sa progression", précise Eric Hansen, responsable régional de l'OFB sur la façade méditerranéenne.
Gardez vos distances !
Habituée aux migrations, c’est une espèce qui reste surtout proche des côtes et qui est peu craintive de l’homme. Comme nombre de cétacés, les baleines sont très sensibles aux perturbations humaines : ondes électromagnétiques ou sonores, leurs sens très aiguisés les rendent vulnérables à nos activités, rappellent les services de l'OFB.
Tous les cétacés présents le long de nos côtes sont protégés par arrêté ministériel. Au mois de septembre 2020, les mesures de protection ont été renforcées : désormais, la perturbation intentionnelle est passible d'une contravention de 750 € d'amende, ce qui inclut l'approche des cétacés à moins de 100m dans les aires marines protégées.