Maryvonne Autissier est la première qu'Eric Boucher a trouvé sur sa route le soir de son intrusion meurtrière dans la maison de retraite pour prêtres de Montferrier-sur-Lez près de Montpellier, en 2016. C'est elle qui a donné l'alerte. Elle a témoigné devant la cour d'Assises de l'Hérault.
Au deuxième jour du procès du meurtre d'une lingère de la maison de retraite pour prêtres Les Chênes Verts de Montferrier-sur-Lez, près de Montpellier, le jury quasi-exclusivement féminin de la cour d'Assises de l'Hérault a entendu le témoignage empreint d'émotion d'une employée réchappée de cette sanglante soirée.
"Si tu bouges, je te brûle"
Ce soir de novembre 2016, Maryvonne Autissier est la première qu'Eric Boucher trouve sur sa route en pénétrant dans la maison de retraite. Il la bâillonne, la ligote après lui avoir demandé la combinaison du digicode et l'enferme en lui disant : "si tu bouges de là, je te brûle".
Appel au secours
Cheveux poivre et sel retenus en chignon, petites lunettes et voix chevrottante d'émotion, Maryvonne Autissier raconte :
J'étais sidérée, traumatisée, mais je suis parvenue à défaire mes liens. J'avais peur de savoir ce que j'allais trouver de l'autre côté de la porte, mais je voulais appeler les secours et protéger les autres. J'ai frappé à la première porte d'à côté, celle de la chambre d'un pensionnaire, pour trouver un téléphone, et j'ai contacté la gendarmerie.
Un témoin convaincu d'un mobile de haine
Maryvonne Autissier n'en démord pas : elle assure avoir entendu l'accusé lui répéter plusieurs fois qu'il voulait s'en prendre aux "pères", c'est-à-dire aux prêtres pensionnaires de la maison de retraite. Lors de l'écoute par la Cour d'Assises de l'enregistrement de cette conversation téléphonique, on l'entend d'ailleurs l'affirmer au gendarme qui réceptionne son appel de détresse.
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De quoi faire bondir Maître David Mendel, l'avocat de la défense :
Aucun professionnel du droit dans ce dossier n'a retenu la thèse de la tuerie de masse ni de l'acte terroriste ! On juge un meurtre, pas un assassinat !
Selon lui, si son client a proféré des menaces, ce n'était sans doute que pour faire peur.
Une vie brisée
Aujourd'hui, l'ancienne employée de la maison de retraite a dû renoncer à son travail alors qu'elle approchait de l'âge de la retraite. Après y avoir passé 25 ans, elle se dit incapable de retourner sur les lieux. Elle a dû suivre une psychothérapie, des séances d'EMDR (thérapie par mouvements occulaires) et prendre des anti-dépresseurs.
A la barre, une experte en psychiatrie souligne "une absence d'élan vital liée à une profonde dépression et à un syndrome post-traumatique évident". Pudiquement, Maryvonne Autissier se contente de dire : "Il y a eu un avant et un après. J'ai cru que j'allais mourir là".