Béziers : les 3 policiers municipaux mis en examen et sous contrôle judiciaire après la mort de M. Gabsi

Les 3 policiers municipaux entendus la veille en garde à vue par la police judiciaire de Montpellier étaient présentés ce vendredi devant le juge d'instruction. Après plus d'une  demi-journée d'interrogatoire, ils ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire.

Jeudi 17 décembre, ils avaient été placés en garde à vue pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission et non-assistance à personne en péril."

Assistés par leurs avocats Luc Abratkiewicz et Florian Medico, les trois hommes ont été entendus successivement sur les faits. Selon le communiqué du Procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, publié après cette longue journée d'interrogatoire au palais de justice : 

* Le policier âgé de 33 ans qui s’était positionné sur la victime sur la banquette arrière du véhicule de police a été mis en examen du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions. Son contrôle judiciaire lui interdit notamment d'exercer la profession de policier municipal, de se rendre sur Béziers, d'entrer en relation avec les deux autres policiers mis en examen et de porter une arme.

* Le policier de 39 ans qui conduisait le véhicule et celui de 29 ans qui en était le passager avant, ont été mis en examen du chef de non-assistance à personne en péril. Dans le cadre de leur contrôle judiciaire, ils ont l'interdiction d'entrer en relation avec les autres personnes mises en examen et la famille de la victime.

Les trois hommes ont maintenu l'essentiel dans leurs déclarations initiales effectuées le soir même des faits. Notamment que l'homme interpellé était toujours très virulent physiquement au cours de son transport jusqu’au commissariat et il ne s’était calmé qu’à leur arrivée sur place, se mettant à émettre un ronflement leur faisant penser qu'il s'était endormi. Ils ne se seraient aperçus de son état alarmant qu’en le sortant du véhicule, ce qui déclenchait les premiers soins et l'appel du SAMU.

Dans ce même communiqué, le Procureur de la République de Béziers précise les témoignages contradictoires apportés par deux frères résidant dans le quartier et  affirmant avoir assisté à l'interpellation depuis leur balcon situé juste au-dessus du véhicule des policiers municipaux. Selon eux, Mohamed Gabsi était inconscient sur la banquette arrière avant même que le véhicule ne redémarre. Ces deux témoins ont également affirmé que le policier resté seul quelques minutes avec Mohamed Gabsi dans le véhicule, portières fermées, était ressorti du véhicule en laissant ce dernier inconscient à l'intérieur. Selon eux, ce policier aurait alors manifesté sa satisfaction de cette situation et d'autres policiers auraient constaté que Mohamed Gabsi était inconscient et avait vomi.

L'information judiciaire va se poursuivre pour tenter aussi de définir l'impact du positionnement policier sur Mohamed Gabsi pour l'immobiliser dans la voiture, tel que l'ont expliqué les policiers. Car selon le rapport d'expertise médico-légale, "le décès est donc la conséquence de troubles du rythme cardiaque d'origine toxique par prise massive de cocaïne chez un sujet présentant un état antérieur cardiaque, aggravés par l'écrasement du nerf vague lors de la compression cervicale gauche. Une part d'asphyxie mixte, bien que secondaire, est également à retenir, venant elle aussi aggraver le dysfonctionnement cardiaque."

Un décés déploré et évitable si les individus acceptaient les contrôles

Sans se prononcer sur l'affaire elle-même en cours d'instruction, du côté des forces de l'ordre on souligne cependant la fâcheuse tendance à résister même parfois de manière violente aux contrôles et interpellations. Poussant parfois les fonctionnaires à l'usage de la force.

Je déplore le décès de cet individu, mais s’il n’avait opposé aucune résistance au départ tout cela ne serait peut-être pas arrivé.

 Jean-Michel Weiss, Secrétaire Général de la Fédération autonome de la Police Municipale Hérault-Gard et secrétaire national

Une attitude qui peut aussi s'appliquer pour le secrétaire national de la Fédération à d'autres affaires de ce type : "Sur tous ces faits, si les individus répondaient aux injonctions des policiers et gendarmes, on n’arriverait pas à de tels événements tragiques,  Or il y a de plus en plus de refus même de décliner une identité pour non port de masque…avec une virulence et une dangerosité des individus qui obligent à requérir à la force."

Une vision partagée par Ghislain Marty, secrétaire Alliance 34 Béziers, qui ne se prononce pas sur l’affaire elle- même :

«Quelle que soit l’interpellation, on déplore bien sûr quand il y a un décès. Mais quotidiennement quand des forces de police interviennent, parfois au péril de leur vie, c’est d’abord pour rétablir l’ordre ou pour faire respecter la loi, protéger les citoyens et pas avec l’intention de tuer ! « 

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