"Tout donner" oui. Tout montrer non. Anthony Jeanjean, vedette française du BMX freestyle park, vise le titre aux Championnats du monde dimanche à Abou Dhabi. En parallèle, le natif de Béziers dans l'Hérault garde quelques secrets sous le coude en vue des JO de Paris.
C'est un véritable exercice d'équilibriste auquel se livre le voltigeur de l'Hérault. Candidat à l'or aux JO-2024 après une première expérience olympique mitigée à Tokyo (7e), Anthony Jeanjean aborde ces Mondiaux comme l'un des favoris au bout d'une saison qui l'a vu entrer dans une nouvelle dimension.
Un premier sacre mondial ?
Leader de la Coupe du monde après une troisième place à Montpellier et une victoire à Bruxelles, il a également décroché un troisième titre européen en août à Munich. Reste deux échéances : la dernière manche de la Coupe du monde en décembre en Australie et ces Championnats du monde à Abou Dhabi.
Le rider biterrois de 24 ans visera un premier sacre mondial dans cette discipline consistant à enchaîner les figures acrobatiques sur des obstacles artificiels. "Je vais tout donner pour aller chercher le titre. Depuis les deux dernières étapes de Coupe du monde, je suis un peu dans une dynamique d'aller chercher la première place à chaque fois. Et là il y a un maillot arc-en-ciel au bout", explique-t-il dans un entretien à l'AFP.
"En garder sous le pied"
Mais en vérité son œil est déjà rivé sur Paris-2024, "l'objectif ultime" qui hante ses rêves et sublime ses journées d'entraînement au pôle France à Montpellier. Alors à Abou Dhabi, il promet certes de dévoiler "une ou deux petites nouveautés". Mais certainement pas d'abattre tout son jeu d'un coup. "J'essaie d'en garder un peu sous le pied pour arriver le plus fort possible à Paris", dit le natif de Béziers de son accent chantant.
Car l'objectif est bien de bluffer les juges et de surprendre les concurrents avec de nouvelles figures, à distiller au compte-goutte pour provoquer un effet blast, au meilleur moment. "Les juges, ça les impressionne et ça met un coup de pression sur les autres riders qui se disent : je ne savais pas qu'il savait faire tout ça."
Or dernièrement Anthony Jeanjean a appris "beaucoup de nouvelles choses" qu'il arrive pour l'instant à réaliser "parfaitement en bac à mousse ou en résine mais pas encore sur dur en compétition". Et que donc il "garde secret", y compris sur les réseaux sociaux où certains de ses adversaires "mettent tout ce qu'ils apprennent", alors que lui s'autocensure régulièrement "pour vraiment marquer les esprits le jour de la compétition". "C'est un peu un jeu de cache-cache", glisse-t-il dans un sourire.
"Le niveau a explosé"
Garder des atouts dans sa manche est d'autant plus indispensable que "le niveau a explosé" depuis que ce sport ultra spectaculaire est devenu olympique. "Quand j'ai commencé, on prenait son vélo et on allait rouler avec les potes, dit Anthony Jeanjean. Aujourd'hui les riders ont adopté une autre manière de s'entraîner, beaucoup plus tournée vers la performance. On a un savoir-faire qui est mis à disposition en termes de kiné, de préparation physique, de préparation mentale. Ca change tout. Pour moi le niveau va encore monter. Surtout que dans notre discipline il n'y a pas vraiment de fin."
Longtemps, le BMX freestyle park a été dominé par les Américains et les Australiens, dont le premier champion olympique de l'histoire, Logan Martin. Mais le sportif de l'Hérault veut croire que "ça a changé" avec l'éveil de plusieurs autres nations, dont la France. "Le manque de structures nous a longtemps manqué en France. Mais maintenant on est clairement sur un pied d'égalité", dit-il, avec notamment l'inauguration en 2020 d'un parc d'entraînement de haut-niveau à Grammont près de Montpellier où, entre deux compétitions internationales, Anthony Jeanjean peaufine ses figures inédites en vue du grand jour place de la Concorde le 31 juillet 2024.
Ecrit avec AFP