Dans la nuit de samedi à dimanche, des motos et des vélos ont pénétré dans une zone protégée sur la plage de la Maïre à Sérignan, malgré les panneaux d'interdiction. Sur leur passage, des nids de sternes naines et de gravelots ont été détruits, au grand dam des éco-bénévoles.
Les bénévoles de l'association de sauvegarde du littoral des orpellières ont découvert un triste spectacle dimanche sur la plage de la Maïre à Sérignan, au sud de Béziers dans l'Hérault : deux nids de sternes naines et un nid de gravelot à collier interrompu ont été détruits par le passage de motos et de vélos.
Les traces de pneus laissées dans le sable montrent que certains sont allés faire "une séance de rodéo dans le sable, malgré la rubalise et les panneaux d'interdiction" déplore Yann Geshors, le responsable de l'association.
Plainte envisagée
Cet amoureux de la nature, qui a créé l'association en 2017, est partagé entre la colère et la tristesse car l'année 2020 s'annonçait exceptionnelle pour la reproduction de ces oiseaux de mer protégés.Après deux mois sans fréquentation humaine sur le littoral, de nombreuses espèces d'oiseaux se sont installées sur les plages ou les sentiers, elles ont colonisé l'espace en dehors de leurs zones habituelles de reproduction.
"Avec l'accord des communes de Sérignan, Portiragnes et le soutien des agglos d'Agde et de Béziers, nous avons obtenu que 5 hectares de plus soient préservés. Nous envisageons de porter plainte au côté des mairies." affirme Yann Geshors.
Zones interdites jusqu'à mi juillet
Après avoir passé l'hiver en Afrique du Sud, le gravelot à collier interrompu vient pondre entre la lagune et la plage, à même le sol.Si la zone est fréquentée par les humains, les œufs risquent d'être écrasés, les nichées piétinées, les poussins séparés de leurs parents voire dévorés par les chiens si ils ne sont pas tenus en laisse.
Voilà pourquoi les deux communes ont pris un arrêté pour interdire la zone, délimitée par un périmètre de protection.
C'est un moment clé pour les oiseaux, ils sont encore en train de couver.
Selon Camille, une éco-volontaire de l'association, les oiseaux vont encore couver pendant dix jours. Il est donc indispensable de respecter le site et de ne pas le fréquenter.
Menacés d'extinction
En Occitanie, les gravelots sont en danger critique d'extinction. En France, on ne compte plus que seuls 1.500 couples.
Comme la sterne naine, ils sont protégés par la loi : "la destruction intentionnelle ou l'enlèvement des œufs et des nids, la perturbation intentionnelle des oiseaux, notamment pendant la période de reproduction et de dépendance, pour autant que la perturbation remette en cause le bon accomplissement des cycles biologiques de l'espèce considérée sont interdits".
Les contrevenants s'exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 150 000 euros et 2 à 3 ans de prison.