Après 3 jours d'audience, au tribunal correctionnel de Béziers, les réquisitions sont lourdes pour les 2 anciens maires de Lamalou-les-Bains. Accusés de blessures et d'homicides involontaires, suite aux inondations de septembre 2014 qui ont fait 4 morts, le Parquet a requis 18 et 24 mois de prison avec sursis.
Près de huit ans après le drame, qui avait suscité une émotion nationale, les deux hommes, anciens alliés politiques devenus adversaires acharnés, comparaissent depuis mercredi, devant le tribunal correctionnel de Béziers, pour "homicides et blessures involontaires".
Le Parquet a requis des peines de prison avec sursis à l'encontre des 2 anciens maires de Lamalou-les-Bains.
- 2 ans de prison avec sursis et 750 euros d'amende requis contre Marcel Roques, maire de mars 1983 à mars 2014 mais plus au moment du drame.
- 18 mois de prison avec sursis et 750 euros d'amende requis contre Philippe Tailland, maire de Lamalou d'avril 2014 à mai 2017.
Après les plaidoiries de la défense, le jugement a été mis en délibéré au 27 mai.
Jugés après un non-lieu et un appel du Parquet de Béziers
Marcel Roques, 73 ans, maire centriste de Lamalou pendant 31 ans, n'était plus aux affaires, lorsque la rivière Bitoulet, qui traverse la commune, est brusquement sortie de son lit, dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014, après une journée de pluie d'une rare intensité. Il n'était plus maire depuis mars 2014.
Il est accusé de n'avoir pas correctement fait entretenir la rivière et d'avoir décidé de laisser le camping ouvert jusqu'en automne, saison où surviennent pourtant régulièrement dans ce secteur, de violents orages dits "épisodes cévenols". Lui s'en défend et explique que le défaut d'entretien de la rivière était en amont de sa commune.
Trois "fautes" peuvent toutefois lui être reprochées, a estimé ce vendredi le vice-procureur David Durand dans ses réquisitions.
"s'être abstenu de mettre en oeuvre la sécurité du camping, ne pas avoir mis en oeuvre les conditions du Plan communal de Sauvegarde (PCS) en ne nettoyant pas le Bitoulet en amont du camping et avoir fait déclasser le camping en 1992, alors qu'il était (en zone) inondable depuis 1982".
David Durand, vice-procureur de la République de Béziers.
"Pour moi, ce sont les fautes les plus graves", a estimé le représentant du ministère
public, en requérant une peine de deux ans de prison avec sursis.
Philippe Tailland, son successeur DVG, lui aussi âgé de 73 ans, l'avait emporté de 28 voix sur son ancien mentor aux Municipales de mars 2014. A sa prise de fonctions, en avril de cette année-là, il dit alors avoir trouvé une mairie sans téléphones ni ordinateurs.
Alors s'occuper des inondations n'avait pas été sa "priorité immédiate", a-t-il reconnu.
Il lui est reproché de ne pas avoir décidé l'évacuation du camping, qu'il n'avait pas jugée nécessaire parce que la rivière, affluent de l'Orb, semblait loin de déborder.
Un vague dévastatrice et 4 curistes morts
Selon l'enquête, une "vague" emportant tout sur son passage, sans doute due à la rupture d'un embâcle en amont, sorte de barrage naturel, était apparue depuis le haut du camping municipal. Le Bitoulet, petit ruisseau, s'était transformé en lame de fond.
Cette inondation qui a dévasté le camping a provoqué la mort d'un couple, ainsi que d'une femme et de sa fille, qui y séjournaient.
Les corps des 4 victimes ont été découverts dans un amas de débris de végétation, d'arbres, de caravanes et de camping-cars en aval. 11 autres résidents du camping ont été blessés lors de ces intempéries.
Le jugement sera connu le 27 mai 2022.