Dans la nuit du mercredi 17 au jeudi 18 septembre 2014, de violents orages se déchaînaient sur l'Aveyron, le Gard et l'Hérault, nécessitant le sauvetage d'une centaine de personnes. À Lamalou-les-Bains, le bilan fut très lourd : une vague gigantesque, causée par un embâcle, avait emporté quatre résidents du camping municipal.
C'était il y a dix ans. Une nuit terrible qui a marqué à tout jamais l'histoire de Lamalou-les-Bains, petite station thermale située au nord de Béziers, dans les hauts cantons de l'Hérault.
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014, alors que les premiers orages de l'automne s'abattent sur l'Hérault, un enchevêtrement d'arbres et de débris charriés par le Bitoulet, petite rivière qui coule au cœur du village, commence à former un inquiétant bouchon. Vers minuit, ces embâcles cèdent brutalement sous la pression de l'eau.
Des histoires dramatiques
Cet affluent de l’Orb se transforme alors en torrent meurtrier. Une énorme vague déferle sur le camping et emporte tout sur son passage. Un camping-car est pulvérisé par la rivière en furie. À l’intérieur, les sauveteurs vont découvrir les corps sans vie d'un couple de septuagénaires.
Une autre famille, venue de Seine-et-Marne, est endeuillée : alors que l'homme tente de porter secours à ses voisins en difficulté sur un emplacement proche du sien, il voit son propre camping-car emporté par les flots, avec sa femme et sa fille à l'intérieur. Impuissant, il parvient à s'agripper à un arbre et à garder la tête hors de l'eau. Les deux femmes, elles, seront retrouvées noyées deux heures plus tard.
Une vingtaine d'autres résidents ont pu être sauvés par l'arrivée de pompiers cette nuit-là.
Onze autres personnes, qui résidaient au camping, ont été blessées.
Cette crue rapide et brutale a aussi ravagé les quartiers proches de la rivière : 154 autres personnes sinistrées, essentiellement des curistes, avaient dû être relogées.
Un camping dans une zone inondable
Deux anciens maires de Lamalou-les-Bains ont été poursuivis en justice après ce drame car, le camping municipal lancé en 1982 et qui surplombait d’environ trois mètres le cours d’eau, se trouvait en partie dans une zone déclarée inondable en 1989, tout comme une résidence et des lotissements voisins.
Deux inondations l'avaient déjà submergé en 1992 et 1996, sans que la mairie ne prenne des dispositions par la suite. Huit ans après les faits, les deux ex-édiles ont été condamnés à un an de prison avec sursis pour "homicides" et "blessures involontaires" par le tribunal correctionnel de Béziers. "Vous avez tous les deux créé et contribué à créer le drame de septembre [2014] en n'appliquant pas les principes de précaution", avait dénoncé le vice-procureur de l'époque.
Marcel Roques, 73 ans au moment du procès, maire centriste de 1983 à mars 2014, et son successeur Philippe Tailland, qui était en poste au moment du drame, ont été définitivement interdits d’exercer un emploi dans la fonction publique. Ils devront verser chacun 15 000 euros à l’ensemble des parties civiles.
À l’issue d'un procès qui avait duré trois jours à Béziers, la justice a condamné Marcel Roques pour défaut d’établissement d’"un plan de sauvegarde" et pour ne pas avoir "respecté la formation des personnels prévue par les textes". Philippe Tailland pour "ne pas avoir fait évacuer le camping". Ce dernier, âgé aujourd'hui de 75 ans, est le seul à avoir fait appel de ce jugement.