Chantal Lapuerta, la présidente du collectif "Les Simone veillent" de Béziers était l'invitée du 19/20 de France 3 Occitanie. Si elle note des avancées dans les sanctions contre les auteurs de violences faites aux femmes, le nombre d'agressions reste très élevé, 53 recensées en France depuis janvier, dont 6 en Occitanie.
2 jeunes femmes ont été tuées à Béziers, l'une dans la nuit de samedi à dimanche, l'autre lundi.
La première a été étranglée dans un parc de la ville, au plateau des Poètes, son corps présentait aussi des traces de coups et des blessures. L'autopsie a révélé une activité sexuelle récente sans détecter des traces de violences. Elle avait 32 ans. Plusieurs personnes ont été entendues et la police a lancé un appel à témoins.
La seconde a été tuée par son ex-compagnon à son domicile, avenue Clémenceau, d'abord étranglée puis poignardée à 10 reprises. Elle était mère de 2 enfants et avait 37 ans. Son ex-mari, au très lourd passé judiciaire a avoué et est en détention provisoire. C'est un féminicide.
Une marche blanche en leurs mémoires sera organisée le 26 mai à 10h, à Béziers.
"On en parle quand c'est trop tard"
Pour Chantal Lapuerta, les féminicides et les violences faites aux femmes ou les violences intrafamiliales sont encore des sujets de société insuffisamment abordés par les médias.
On met surtout en avant les féminicides, car la femme est morte, c'est donc un choc. Mais là, on en parle quand c'est trop tard. Quand ce sont "juste" des coups, des violences, on en parle pas. Pourtant les chiffres prouvent qu'il s'agit d'un fléau national.
Chantal Lapuerta, présidente du collectif "Les Simone veillent" de Béziers.
En 2020, selon le ministère de l'Intérieur :
- 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire
- 23 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire
- 14 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.
En 2019, en moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213.000 femmes.
Les victimes de viols et/ou de tentatives de viol sont estimées à 94.000 femmes par an.
La loi Schiappa d'août 2018 qui verbalise les harcèlements du rue ou allonge la prescription des crimes sexuels sur mineurs est une avancée mais on progresse à pas de fourmi. Il faut plus de mobilisation. Quand on est trop laxiste, on arrive à cela, 2 féminicides en 2 jours à Béziers.
Chantal Lapuerta.
"Une gifle, c'est déjà de la violence"
Des manques sont pointés aussi au niveau de la prévention, puis ensuite pour la prise en charge des victimes. Cela décourage les femmes qui ne portent pas plaintes systématiquement. Pour la présidente de l'association "Les Simone veillent", une main courante, ce n'est pas suffisant.
"Il faut porter plainte à la première gifle, au premier coup, c'est de la violence. On le sait, cela ne peut aller que Crescendo si la victime ne fait rien et si elle n'a pas d'aide".
Chantage, humiliation, injures, coups... Les femmes victimes de violences peuvent contacter le 3919. Gratuit et anonyme, ce numéro de téléphone est désormais accessible 24h/24 et 7 jours sur 7. La plateforme d'écoute des victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles est joignable sans interruption.
D'après un bilan du ministère de l'Intérieur, 146 femmes ont été victimes de féminicides en 2019 et 102 en 2020.
Le collectif Féminicides France a dénombré 113 féminicides conjugaux en 2021 et 43 depuis le début de l'année auxquels s'ajoutent 6 femmes tuées dans un contexte non conjugal.