Plus de 6.000 détenus ont été libérés entre le 15 mars et le 1er avril en France. Des libérations en grande partie décidées dans le cadre de la crise du coronavirus. Mais comment sont-elles ordonnées en Occitanie et avec quelles garanties de sécurité ?
Coronavirus oblige, nos prisons se vident de leurs détenus.
De même, le centre de Perpignan a vu, en seulement 15 jours, ses effectifs passer de 800 personnes emprisonnées en temps normal à 710 actuellement. Soixante-six d’entre elles ont été libérées, suite à l’ordonnance de libération simplifiée décrétée pour limiter la propagation du coronavirus au sein des prisons.Soixante quatre détenus ont quitté leur cellule pour la seule semaine dernière" témoigne un surveillant du centre pénitentiaire de Béziers.
Pour l’ensemble de l’Occitanie, cela représente 170 libérations liées à la crise sanitaire. Une décision prise dans l’urgence, en début de pandémie, face aux risques de contagion dans des prisons françaises surpeuplées et incapables de mettre en place les gestes barrière.
A ces libérations, s’ajoute la diminution du nombre de nouvelles incarcérations.
« En temps normal, nous comptabilisons en moyenne une vingtaine d’entrants chaque semaine pour seulement 5 actuellement » confirme un surveillant de la maison d’arrêt de Perpignan.
170 libérations sous contrôle du Juge d’Application des Peines et du Parquet
Mais ces décisions sont strictement encadrées. Pour être libérable, il faut avoir été condamné à une peine inférieure ou égale à 5 ans et n’avoir plus que deux mois ou moins de détention à subir.
Sont exclus les détenus condamnés pour des faits criminels, des faits de terrorisme, des infractions commises au sein du couple, ou ayant participé à « une action collective de nature à compromettre la sécurité des établissements ou à en perturber l’ordre ».
De plus, ces libérations se font sur décision et contrôle du juge d’application des peines (JAP) ou du parquet.
« Nous sommes plus bienveillants que d’habitude sur les mises en liberté et les assignations à résidence », reconnait un JAP de la région et d’ajouter : « De plus, pendant le confinement, nous ne pouvons plus ordonner des mesures de semi-liberté et il est impossible de recourir aux bracelets électroniques »
Autre mesure mise en place : la libération pour raisons médicales.
Elle concerne les personnes diabétiques, obèses et présentant des fragilités au Covid 19... Dans ces cas, les condition de suspension de peine sont allégées.
Seul impératif pour le prisonnier : prouver qu’il est en mesure d’avoir un hébergement et de respecter le confinement.
Trois cas de coronavirus confirmés dans les prisons d’Occitanie
Difficile, en revanche, de définir l’effet de ces mesures sur la présence du Covid 19 dans les prisons de la région. Elles ont au moins permis de libérer des cellules pour faciliter le confinement d’éventuels malades.
Tous centres confondus, on dénombre officiellement 59 détenus suspectés d’être contaminés et 3 cas avérés : deux à Perpignan et un troisième à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone.
Du côté du personnel, 96 personnes sont suspectées de Covid 19 et 3 cas sont confirmés.
« En fait, analyse un représentant du personnel pénitentiaire, toutes ces mesures ont surtout permis de faire baisser la pression dans les prisons d’Occitanie, qui hébergent plus de 5.000 condamnés et dont plus de 10% sont réduits à dormir sur des matelas installés dans des cellules déjà bondées ».
On se souvient que, dès le mois dernier, plusieurs centres avaient connu des mutineries, liées à la peur du Covid 19, à la fermeture des parloirs et à la limitation des activités au sein des établissements.