Coronavirus : la fronde des maires héraultais contre la réouverture prochaine des écoles

"Je n'ouvrirai pas les écoles le 11 mai". A Lattes, Cyril Meunier est catégorique. Même refus pour le président de l'association locale des maires à Péret. En cause, les conditions de sécurité sanitaire insuffisantes. A Montpellier, Philippe Saurel juge cette réouverture "déraisonnable".

Philippe Saurel s'était déjà posé en lanceur d'alerte la semaine dernière. Aujourd'hui, les réactions se multiplient parmi les maires de l'Hérault. Certains, comme Cyril Meunier, refusent catégoriquement la réouverture de leurs écoles le 11 mai. D'autres y posent des conditions de prévention sanitaire difficilement réalisables à ce jour.
Si les maires ne sont pas habilités à s'opposer à la réouverture (c'est le préfet qui prend la décision, en relayant les préconisations ministérielles), ils sont en revanche responsables de la sécurité de leurs administrés et de celle des agents qu'ils mettent à disposition pour le fonctionnement des établissements scolaires.
 

Désobéissance assumée

 

"Je sais bien que le préfet m’obligera à ouvrir les écoles, précise Cyril Meunier, mais alors je ne mettrai pas à disposition le personnel communal et je n’ouvrirai pas les cantines" 

 


Le maire de Lattes connait parfaitement les limites de ses compétences mais aussi ses responsabilités de premier édile, qui peut être accusé de mise en danger de ses administrés s'il ne prend pas toutes les mesures pour assurer leur sécurité.

" On va faire prendre des risques à tout un tas de gens, pour quinze jours d’école". 

Le maire fraichement réélu de la petite ville aux portes de Montpellier doit gérer trois écoles maternelles et trois écoles primaires. Selon lui, la grande majorité des parents qu'il a contacté sont d'accord avec lui pour placer la sécurité sanitaire avant toute autre considération.
 

 "Je ne veux pas qu'on me traite de criminel et je pense que c'est criminel d'ouvrir les écoles aussi tôt" s'alarmait le président de l'association des maires héraultais, Christian Bilhac, sur France 3 Occitanie la semaine dernière.

 

Le maire de la petite commune de Péret, dans la vallée de l'Hérault, refuse la réouverture de son unique école car "il ne voit pas comment réunir les conditions nécessaires à la sécurité des personnels, des enfants et de leurs familles tant que la situation sanitaire du pays ne se sera pas améliorée".
 

Désaccords politiques... 


A Lattes, le maire divers-gauche est en désaccord avec la dernière allocution du président Macron. Pour lui, pas de demi-mesure ni de déconfinement progressif : 

"Soit on déconfine complètement et le gouvernement est prêt à assumer des milliers de morts, argumente Cyril Meunier, soit on ne déconfine pas, on attend en espérant par exemple que les grosses chaleurs aient une influence sur le virus."
 

Une critique des atermoiements gouvernemaux déjà exprimée, la semaine dernière par le maire de Montpellier.

"On entend tout et son contraire de la part des autorités, commentait Philippe Saurel à nos confrères de l'AFP. Dans cette épidémie, une partie n'est pas connue et échappe à la connaissance scientifique. La priorité doit d'abord être donnée à la maîtrise de l'épidémie. La réouverture des crèches et des écoles est déraisonnable"

 

... et difficultés d'organisation     

 

 "Le risque est pour nous trop important. Comment faire avec les parents qui amènent les enfants à l'école? Comment faire avec les enseignants? Comment gérer la cuisine centrale?" s'interroge le maire de Montpellier .
"On va prendre quinze enfants en classe, et qui devra s’occuper des autres pendant ce temps ? La commune de Lattes bien sûr. Moi je dis non ! » renchérit Cyril Meunier
 

Ses questions sans réponses sont relayées par l'ensemble des édiles réunis dans l'association des maires de France. Ils viennent d'éditer un document:

Les inquiétudes et préconisations des maires de France avant la réouverture des écoles.

Ce fascicule résume toutes les questions soulevées par cette réouverture des classes et les conditions nécessaires pour assurer la sécurité indispensable à cette réouverture. Avec une question subsidiaire mais pas anodine au gouvernement : qui va prendre en charge les coûts supplémentaires pour assurer des classes réduites et la gestion des enfants en petits groupes?
 

La déclaration du ministre de l'Education nationale serait-elle précipitée?


 Pour rappel, le 21 avril dernier, Jean-Michel Blanquer , le ministre de l'Education nationale, a précisé les pistes envisagées par le gouvernement pour une réouverture des classes progressive selon les sections.
Depuis, si l'on en croit le journal Le Monde, le gouvernement regretterait ces précisions données par le ministre de l'Education Nationale. Jean-Michel Blanquer aurait fait ces annonces alors que les arbitrages n’avaient pas été validés avec Matignon et qu’on lui aurait demandé de ne pas communiquer sur ce sujet. D'après le quotidien, il était prévu que ce soit le Premier ministre en personne qui annonce le plan de déconfinement, fin avril ou début mai. 
Le gouvernement précise que les dates envisagées ne sont que des hypothèses sur lesquelles le Conseil des ministres a travaillé.

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