Christian Bilhac n'ouvrira pas l'école du village le 11 mai. Le maire de Péret, près de Lodève dans l'Hérault, ne voit pas comment réunir les conditions nécessaires à la sécurité des personnels, des enfants et de leurs familles tant que la situation sanitaire du pays ne se sera pas améliorée.
Christian Bilhac est maire de Péret depuis 1983. Il est aussi président de l'association des maires de l'Hérault.
Mais c'est en tant que responsable de la sécurité des habitants de son village qu'il réagit à l'annonce d'ouvrir les écoles le 11 mai prochain.
"Je vis ici, je ne veux pas qu'on me traite de criminel et je pense que c'est criminel d'ouvrir les écoles aussi tôt. Je doute que la situation sanitaire soit vraiment différente dans un mois qu'aujourd'hui. Si elle s'est vraiment améliorée, j'ouvrirai l'école sinon il n'en est pas question."
Je prendrai un arrêté pour maintenir l'école fermée le 11 mai si la situation sanitaire est la même qu'aujourd'hui.
Christian Bilhac explique avoir du mal à comprendre la décision du gouvernement. "On nous explique que l'école est un foyer de contamination et qu'il est impératif de les fermer. Puis on les rouvre, avec leurs cantines scolaires, tout en laissant fermés les restaurants en ville"
C'est de la folie. On nous parle de reprise économique, puis comme l'argument ne provoque pas l'adhésion de la population, on en trouve un autre, pour lutter contre les fractures sociales. Ce n'est pas sérieux.
L'école de Péret accueille 96 enfants, une cinquantaine reste à la cantine le midi. Un restaurant scolaire dont on a "poussé les murs", selon l'expression du maire, pour accueillir les élèves, "parce qu'en fait, la cantine a plutôt 35 places."
"Les classes, on peut essayer de les aménager. Mais je ne vois pas comment mettre en place les gestes barrières et la distanciation sociale dans une école et encore moins à la cantine. Empêcher les enfants de se toucher, leur faire garder leurs distances, c'est ingérable."
Comment on gère les récréations? Et la sortie des classes? au compte-gouttes?
Comme tous les maires, Christian Bilhac n'a reçu aucune indication sur des procédures à mettre en place, de marche à suivre de la part des autorités.
Il estime déjà qu'ouvrir les bureaux de vote le 15 mars était une erreur, "mais on n'avait pas toutes les informations sur l'ampleur de l'épidémie. Maintenant on sait. Je ne veux pas faire la même erreur."
Le maire, qui ne se représente pas, ne veut pas terminer son dernier mandat sur des regrets. Il prendra sa décision sur la réouverture de l'école autour du 8 mai, en fonction de l'état sanitaire du pays et du contrôle de l'épidémie de coronavirus.
Je n'ouvrirai pas l'école si les conditions ne me semblent pas réunies pour assurer la sécurité de la population. Même si j'en reçois l'injonction du préfet.
Une prise de position personnelle, qui ne lui vaut, selon lui, que des retours positifs, des habitants comme d'autres élus du département.