C'est une première en France. Les détenus ayant toujours leurs droits civiques ont pu voter par correspondance pour les Européennes. Ce mardi, au centre pénitentiaire du Gasquinoy à Béziers, 37 d'entre eux ont donc mis leur bulletin dans l'urne, 5 jours avant le scrutin de dimanche. Témoignages.
Jusqu'à aujourd'hui, seuls les votes par procuration ou les permis de sortie étaient tolérés pour les prisonniers inscrits sur les listes électorales et pourvus de leurs droits civiques. Mais depuis ce 21 mai 2019, les détenus de France métropolitaine et des territoires ultramarins peuvent voter par correspondance.
37 votants au centre pénitentiaire de Béziers sur 917 prisonniers
C'est dans le centre socio-culturel de la prison, que le bureau de vote a été installé. Sur la table, seulement 24 piles de bulletins de vote. 10 listes candidates n'ayant pas pu fournir à temps le précieux sésame électoral. Qu'importe, ce moment était très attendu...
Je vote déjà à l'extérieur, donc voter ici c'est important pour moi, même en détention.
C'est bien pour les prisonniers de pouvoir donner notre opinion.
Sur les 917 prisonniers du centre pénitentiaire de Béziers, 72 ont fait le choix du vote par correspondance plutôt que par procuration.
Mais seuls 37 ont eu le feu vert du ministère de l'Intérieur.
On est français et avec le vote on se sent moins oublié.
Chaque détenu s'est informé sur les progammes des candidats, comme il a pu. L'Education nationale, les services pénitentiaires ont fait leur possible et la télévision elle a fait le reste. Mais le sentiment d'oubli par la classe politique reste fort.
Quand on a passé la porte... on est aux oubliettes. Ils vont parler de nous pour gratter quelques voix, ensuite on est que des détenus, rien d'autre !
La population pénale devient une circonscription électorale pénitentiaire
C'est la première fois qu'un scrutin national franchi les murs de la prison. Sans être exceptionnelle, la participation à ces élections est symbolique.
C'est le premier pas vers la réinsertion. Si on est là, c'est que l'on a fait des erreurs dans notre vie, mais le fait d'être citoyen ne s'arrête pas. Si notre vie est en pause, elle n'est pas terminée.
5.700 détenus ont pu voter en France pour ces Européennes, 5 jours avant le rendez-vous donné aux Français.
Si cette expérience s'avère concluante, elle pourrait être reconduite lors de prochaines élections.