La réclusion criminelle à perpétuité a été requise ce vendredi, à la cour d'assises de Pau, contre Cédric Bernasconi, schizophrène accusé du meurtre et des viols aggravés en 2017 de Mélodie Massé, une jeune Biterroise enceinte de huit mois. Une demande assortie de 22 ans de sûreté.
Le SDF schizophrène accusé du meurtre et des viols aggravés en 2017 d'une jeune Biterroise de 23 ans, enceinte de huit mois, a été reconnu coupable et condamné, vendredi en fin de journée, à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises de Pau.
La cour n'a pas suivi la demande de l'avocat général d'assortir cette peine d'une période de sûreté de 22 ans. Elle a également prononcé un suivi socio-judiciaire pour une durée de 10 ans (au cas où il sortirait de prison), à savoir une injonction de soins ainsi qu'une interdiction d'entrer en contact avec les parties civiles.
Cédric Bernasconi, 40 ans, a désormais 10 jours pour faire appel du verdict.
Réquisitions : réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté
Malgré le lourd passé psychiatrique de Cédric Bernasconi, l'avocat général Marc Mariée a demandé que cette sentence soit accompagnée d'une période de sûreté de 22 ans.
Existe-t-il, au moment des faits, des troubles ayant altéré son discernement ? Et si oui, y a-t-il lieu d'écarter la réclusion (criminelle à perpétuité) encourue pour la ramener à une peine maximum de 30 ans comme la loi le permet ? ", a demandé l'avocat général, avant de balayer aussitôt l'argument : "Cédric Bernasconi est pleinement responsable des faits qu'il a commis, il a agi en pleine connaissance, il n'a agi sous l'influence d'aucun trouble.
Une grande partie de la semaine d'audience a porté sur la santé mentale de l'accusé, un homme diagnostiqué schizophrène, qui vivait en marge de la société quand il a violé et tué il y a deux ans une élève infirmière de 23 ans originaire de Béziers qui se reposait avant son accouchement dans la maison de sa mère au Pays basque.
L'expertise psychiatrique réalisée au cours de l'instruction par les docteurs Roland Coutanceau et Alain Penin avait conclu à une altération du discernement de l'accusé, mais pas à son abolition, ce qui le rendait apte à être jugé.
La défense a pourtant demandé aux jurés de "tenir compte" du parcours et de la maladie de son client :
Il a été interné durant trois années, diagnostiqué schizophrène depuis l'âge de 20 ans (...) Le docteur Coutanceau nous a dit que le choix de ses actes n'était pas aussi lucide qu'il le voulait. On est dans le cadre d'une altération", a fait valoir Me Sandrine Larié, demandant aux jurés de juger l'homme dans son ensemble, "avec ses faiblesses".
A l'époque des faits, Cédric Bernasconi avait arrêté son traitement neuroleptique et n'avait plus aucune interaction sociale. Sans domicile fixe, il fumait du cannabis et vivait de petits larcins qui lui avaient valu un séjour en prison peu avant les faits.
L'association chargée de sa curatelle renforcée avait même fait un signalement pour disparition inquiétante auprès du juge des tutelles et du parquet.
"Prédateur" ou pas ?
L'homme de 40 ans n'était pas dans un "épisode délirant" au moment des faits, avaient pourtant expliqué les experts à la barre.
Durant les débats, l'accusé avait détaillé quasi-cliniquement les viols et le crime, racontant être entré dans cette maison d'Ustaritz "par hasard" pour y commettre un cambriolage avant d'être guidé par "une pulsion sexuelle" en entendant la voix de la jeune femme au téléphone.
Mélodie Massé, ligotée, frappée, et violée, était morte étouffée par son bâillon.
Cédric Bernasconi avait maintenu qu'il n'avait "pas voulu lui ôter la vie", seulement "la rendre inconsciente" en lui enfonçant une culotte dans la bouche.
Une version rejetée par l'avocat des parties civiles. "Je ne veux pas entendre parler de pulsion, qui veut dire spontané, incontrôlable. Cet homme est patient. C'est un prédateur. Il est en chasse", a plaidé Me Bertrand Arotseche.
Pour lui, le viol et le meurtre étaient "un acte préparé". Le matin du drame, Cédric Bernasconi avait été vu par un promeneur dans un bois près de la maison.
Il était revenu l'après-midi pour, dit-il, "ramasser des châtaignes" repérées un peu plus tôt.
Me Arotseche, qui dit n'avoir jamais vu "une abomination pareille" dans sa carrière d'avocat, a rappelé le calvaire enduré par la jeune femme.
Il la laisse comme ça pendant trois heures ! Ligotée, une culotte au fond de la gorge, le nez fracturé ! Vous dites ne pas avoir eu l'intention de la tuer, mais vous avez fait tout ce qu'il faut pour qu'elle meure.
Les jurés se sont retirés à la mi-journée pour délibérer.
Le verdict est attendu dans les heures à venir.