"Pas en notre nom": plus de 10.000 personnes ont manifesté samedi dans toute la France, notamment à Paris, pour dénoncer les "politiques répressives" à l'encontre des migrants, alors que les Français sont majoritairement opposés à ce que la France imite l'Allemagne, selon un sondage.
Après l'indignation, la réaction. Samedi à Montpellier, manifestants et représentants des associations ont souhaité rappeler la responsabilité des états européens en matière d'accueil de réfugiés fuyant la guerre, devant la préfecture de région, symbole de l'état français,.
Seul bémol, l'appel Montpelliérain n'aura pas mobilisé autant que les associations auraient pu l'espérer. Mais ce n'est pas tant la quantité que la qualité de l'aide qui sera nécessaire au moment d'accueillir ces réfugiés.
Reste à savoir comment venir en aide ces familles démunies qui arrivent par milliers en Europe. Beaucoup de citoyens présents hier dans les manifestations un peu partout en France étaient venus chercher une réponse.
A Munich, en Allemagne, un millier de nouveaux migrants en provenance de Hongrie via l'Autriche sont arrivés dimanche matin. Les Allemands avaient réservé un accueil chaleureux samedi à des milliers d'entre eux, des volontaires brandissant des pancartes leur souhaitant la bienvenue.
Les volontaires se sont mobilisés d'une manière sans précédent face à l'afflux de réfugiés dans le pays le plus peuplé d'Europe, qui s'attend à accueillir cette année le nombre record de 800.000 demandeurs d'asile fuyant la guerre et la pauvreté.
Pour la seule journée de samedi, quelque 8.000 migrants sont entrés en Allemagne, a indiqué la police fédérale à l'AFP. Les familles de réfugiés portant leurs enfants et quelques maigres possessions souriaient, accueillies par des ballons, des vivats, de la nourriture et des bouteilles d'eau à leur arrivée à Munich, Francfort et d'autres gares.
Les gens nous traitent ici tellement bien, ils nous traitent comme des êtres humains, ce n'est pas comme en Syrie, déclare, les larmes aux yeux, Mohammad, un réfugié de 32 ans de la ville dévastée de Qusayr.
La gare de Munich, où étaient arrivés 6.800 migrants samedi, en a accueilli 1.200 autres dimanche matin. A leur descente de train, la police les dirigeait vers des cars en attente qui les conduisaient vers des centres de premier accueil, installés dans des bâtiments publics, des hôtels et des casernes.
Des dizaines de personnes, attendant derrière les barrières, sifflaient, applaudissaient et filmaient les nouveaux arrivants avec leurs smartphones.
Bien que l'Allemagne ait connu une série de rassemblements et d'attaques xénophobes, l'arrivée des migrants a donné lieu à une mobilisation sans précédent de la part d'une partie de la population estimant qu'il était de son devoir d'aider ces étrangers en raison du sombre passé de leur pays et de sa richesse actuelle.
L'Allemagne et l'Autriche avaient donné leur accord vendredi pour accueillir les milliers de migrants bloqués depuis plusieurs jours dans des conditions éprouvantes en Hongrie.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit présenter la semaine prochaine à Strasbourg une nouvelle proposition pour "relocaliser" dans toute l'Europe 120.000 réfugiés supplémentaires, actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie. Selon le journal allemand Welt am Sonntag, l'Allemagne devrait en accueillir 31.000, suivie par la France (24.000) et l'Espagne (près de 15.000).
55% des Français ne veulent pas que la France imite l'Allemagne
Une majorité de Français (55%) estiment que la France ne doit pas imiter l'Allemagne en assouplissant les conditions d'octroi du statut de réfugié aux migrants, notamment syriens, selon un sondage Odoxa pour Le Parisen-Aujourd'hui en France. Malgré l'émotion suscitée par la photo d'Aylan, petit Syrien de trois ans retrouvé mort noyé sur une plage de Turquie, seuls 44% des Français se disent favorables à ce que la France prenne exemple sur l'Allemagne.
Mais l'opinion varie beaucoup en fonction de leur tendance politique: les sympathisants de gauche y sont favorables à 69%, et ceux de droite opposés dans la même proportion (69%).
Concernant les migrants venus de Syrie qui fuient la guerre, une majorité (62%) estime qu'il faut les traiter comme des migrants comme les autres, et seulement 36% jugent qu'ils "méritent un meilleur accueil en tant que réfugiés de guerre".
Sur cette question, sympathisants de gauche comme de droite partagent majoritairement la même opinion: 55% des sympathisants de gauche et 67% de ceux de droite jugent que les réfugiés syriens ne doivent pas être traités différemment des autres migrants.
A l'égard des réfugiés de guerre comme les Syriens, 44% estiment que la France n'est "ni plus ni moins accueillante que l'Allemagne". 33% jugent au contraire qu'elle est moins accueillante, et 22% qu'elle l'est plus.
Face aux migrants en général, les Français pensent encore à 43% que la France n'est "ni plus ni moins accueillante que l'Allemagne". Mais
ils sont 35% à considérer que la France est plus accueillante, et 21% jugent qu'elle l'est moins.
Enfin, une majorité de Français (61%) se disent favorables à ce que la France participe à une intervention militaire au sol en Syrie contre l'organisation jihadiste Etat islamique (37% sont contre).
Sondage réalisé par internet les 3 et 4 septembre auprès d'un échantillon de 1.003 Français de 18 ans et plus, représentatifs de la population française selon la méthode des quotas.