La province nord-irlandaise a fait preuve d’un réalisme extraordinaire pour s’imposer (25-8) sur la pelouse de Montpellier qui regrettera les occasions offertes et manquées. Si l'Ulster prend une belle option pour la qualification, les Héraultais, eux, n’ont plus de joker.
Montpellier récoltait une première pénalité dès la 4e minute, Thibault Privat ayant été pris en l’air. Pélissié inscrivait les trois premiers points (3-0). Les Ulstermen réagissaient de fort belle manière avec un essai de trois-quarts splendide : passe sautée de Payne pour Cave qui trouve Bowe sur le côté gauche, lequel remet intérieur pour Trimble qui aplatit sans opposition entre les perches (3-7 après la transformation de Pienaar, 12e).
Montpellier piégé d’entrée
Dans la foulée, les Irlandais manquaient une pénalité dans les cordes de leur buteur, mais ils dominaient les locaux dans l’intensité. Idem à la 19e minute où Pienaar ratait la mire après une faute de Pélissié puis à la 27e, permettant à Montpellier de rester dans le match. Dominés, les Languedociens n’étaient pas vernis non plus, Thomas Combezou étant contraint de suppléer Wynand Olivier, blessé (22e). Les hommes de Fabien Galthié se ressaisissaient en fin de premier acte et Trinh-Duc manquait un drop à quelques secondes de la pause.
L’Ulster intraitable
L’Ulster prenait un peu d’air en début de seconde période sur une pénalité de Pienaar après une nouvelle faute locale (3-10, 45e). Mais Montpellier revenait immédiatement dans le match après une belle action entre avants et trois-quarts conclue en coin par l’ailier Audrin. La transformation était manquée par Pélissié mais les Héraultais étaient clairement revenus dans la rencontre (8-10, 51e). Mais les Nord-Irlandais continuaient de scorer à la moindre occasion. Pienaar rajoutait trois unités (54e) après un ballon gardé par Nagusa.
Pas aidés par l’arbitre
Puis Trinh-Duc sauvait les siens à deux mètres de la ligne d’en-but en interceptant le ballon alors que les visiteurs venaient encore de semer la panique (57e). Montpellier était au bord de la rupture. L’Ulster enquillait (8-16 à l’heure de jeu) et Monsieur Hodges ne faisait aucun cadeau aux locaux. Il fermait ainsi les yeux sur de nombreux hors-jeu adverses alors que Gorgodze et ses partenaires assiégeaient les 22 mètres. Héroïque et (très) rusée, la défense irlandaise résistait jusqu’au bout et se payait même le luxe de rajouter deux pénalités qui privait Montpellier du bonus défensif et de (presque) tout espoir de terminer en tête de la poule, même avec un succès au match retour (8-25). Un score vraiment très dur pour une équipe languedocienne généreuse mais naïve.
LES REACTIONS DU MHR
Fabien Galthié (entraîneur de Montpellier): "On est déçu, on est triste aussi. On a eu des problèmes sur le jeu au pied haut qui nous a été proposé. Ensuite, on a commis quelques erreurs individuelles et collectives sur des montées défensives. Ensuite, on réagit plutôt bien, on a des temps forts, on marque un essai, on lâche un ballon dans l'en-but. Collectivement, on manque de jouer de manière organisée, sûrement à cause de la précipitation. Eux, avec un jeu propre, efficace, une bonne défense, un bon contexte aussi, des rucks dans lesquels ils ne se consumment pas, l'écart a grandi. Je sais que ces équipes sont capables de nous malmener. Quand tu joues avec de jeunes joueurs comme Kelian Galletier en huit, Benoît Sicart à l'arrière, des joueurs qui, à ce niveau-là, n'ont pas d'expérience. Et si tout ne roule pas, ça peut être compliqué. Objectivement, on n'est pas très bien placé, on a quatre points, on a perdu chez nous. En restant lucide, ça va être compliqué".Mohed Altrad (président de Montpellier): "On est tombé sur une équipe très disciplinée. C'est l'apprentissage de la Coupe d'Europe, du haut niveau. On a pris une claque. Il faut se ressaisir, apprendre et recommencer à travailler dès lundi matin. C'est un coup d'arrêt dans notre marche vers la qualification. Ce n'est pas complètement compromis, on a encore des chances, mais il faudra aller chercher des matches à l'extérieur. La Coupe d'Europe est dans leurs gènes, nous on ne l'a pas".
François Trinh-Duc (demi d'ouverture de Montpellier): "On pensait mieux faire. C'est une désillusion. C'est dommage, on est déçu. On voulait rester invaincu, ce n'est pas le cas. On est tombé sur meilleur que nous. La première mi-temps, on a subi, ils nous ont proposé un jeu simple et très réaliste. On n'a pas su répondre présent, surtout sur les ballons hauts. On n'a pas su non plus s'adapter à l'arbitre. On ne peut pas gagner avec autant de pénalités. On a pas fauté sur un manque d'envie, mais de réalisme. On est dans leurs vingt-deux, on n'arrive pas à scorer. On a fait beaucoup trop de fautes de mains, on est tombé sur une belle défense aussi. C'est toujours compliqué. Il faut gagner cinq matches généralement pour se qualifier et tout gagner chez soi. On ne baisse pas les bras, mais ça va être compliqué. L'Ulster a plus d'expérience, plus de vécu. On commence à en avoir mais, à ce niveau-là, ça ne suffit pas. Il y a un arbitre, il est là
pour juger, il faut s'adapter".
Thomas Combezou (centre de Montpellier): "Beaucoup de maladresses. Eux ont beaucoup joué au pied. Si on réceptionne bien, si on s'applique, après on peut faire quelque chose. Ce n'est pas terminé, ils ne prennent pas le bonus offensif. Si l'on prend le bonus défensif chez eux, ça peut le faire. Après il y a Leicester. Mais si tu perds à domicile. On a pris un coup derrière la tête. Les dix premières minutes, on est mené, alors que l'on avait à coeur de faire une bonne prestation. C'est loupé. C'est un échec, maintenant il faut se relever. On va continuer à se donner à fond, peut-être qu'à la fin on aura une bonne surprise".
Nicolas Mas (pilier de Montpellier): "Cette défaite est difficile pour le groupe. On voulait faire une bonne performance. Il faut qu'on apprenne de cette défaite, que l'on travaille pour être aussi bon qu'eux. Ces matches-là, c'est du haut niveau, une grosse intensité, ils sont plus habitués que nous à les jouer. Tout ça fait qu'on a été un peu fébrile. Mais on a montré beaucoup d'envie ensemble. On sait qu'en Coupe d'Europe, l'arbitrage est un peu différent. L'arbitre est le chef sur le terrain. Peut-être qu'on avait un peu de pression. Surtout, que l'on ne baisse pas les bras, on a besoin d'avoir de la confiance dans les semaines à venir".