Montpellier, paralysé par une série de sept défaites consécutives avant de recevoir Toulouse samedi en Top 14 (13e j.), vit une véritable crise de croissance dans sa quête, assumée depuis avril 2011, d'un titre en championnat ou en Coupe d'Europe.
D'échecs répétés en phase finale à une incapacité à sortir de poule en Coupe d'Europe ces deux dernières années, le MHR, tout jeune club né en 1986 et monté en Top 14 en 2003, stagne dans son ascension vers les sommets. Il n'a toujours rien gagné, même s'il n'a plus manqué une phase finale depuis 2011, date de la prise de pouvoir du président Mohed Altrad et de son émergence au plus haut niveau, sous l'impulsion de son manager Fabien Galthié.
Eliminé en Coupe d'Europe, distancé en championnat où il occupe la 8e place, le club panique face à la fuite des résultats, nourrit l'amorce d'un divorce entre le président et le manager Fabien Galthié, et fragilise l'harmonie d'un groupe étoffé par un prestigieux recrutement lors des deux ultimes intersaisons.
Mohed Altrad, actionnaire majoritaire qui a investi au moins 13 millions d'euros depuis 2011, s'impatiente devant le manque de réussite actuel et le malaise né de l'échec l'an passé en demi-finales face à Castres. Esseulé à la tête du club depuis les mises à l'écart de Denis Navizet, directeur exécutif, et Alain Elias, manager renvoyé après deux mois, Mohed Altrad est désormais en première ligne face aux aléas de la vie d'un club de haut niveau.
Meurtri par la défaite à domicile en Coupe d'Europe face à Glasgow (13-15, 25 octobre), il a précipité la crise de son club, en provoquant une première vive
réunion avec ses joueurs et en sacrifiant l'entraîneur adjoint, Mario Ledesma, après la défaite face à Brive (10-25 le 7 novembre).
-Gestion de crise tâtonnante
Depuis deux mois, le président Altrad, patron de l'entreprise éponyme et qui découvre le milieu du sport, tâtonne dans la gestion de la crise, consulte son effectif, néglige la communication et isole son entraîneur. "Le mode de management a changé car désormais on consulte les joueurs", s'est étonné l'entraîneur Fabien Galthié après la lourde défaite à domicile devant Bath (5-30 le 5 décembre).
En trois ans, le président, avec son investissement financier, et l'entraîneur, autour de sa compétence reconnue et de sa notoriété, avaient construit main dans la main ce club. Confronté à leur première véritable crise, ils rejettent l'un sur l'autre l'échec du moment.
Animé par un profond désir de réussite, avec comme fil conducteur l'équipe de France, Fabien Galthié, sous contrat jusqu'en juin 2017, vit peut-être une fin de cycle après plus de quatre ans à la tête d'une équipe qu'il ne ménage pas et manage d'une main de fer. Lors de sa première expérience au Stade français (2004-08), il s'était mis en retrait après quatre saisons, n'allant pas au terme de son contrat.
Acteurs et juges du conflit latent entre les deux hommes de pouvoir, les joueurs sont partagés devant une mise à l'écart de Fabien Galthié. Depuis deux ans, la hiérarchie dans le groupe est sans cesse remise en question par l'arrivée massive de joueurs de niveau international (Timani, Ranger, Mas... Mowen, Donnelly, Fall, Attoub...) et génère des tensions, révélées depuis la blessure de François Trinh-Duc, victime d'une fracture du tibia le 11 octobre.
La saison passée, Montpellier avait vécu une série noire de résultats à la fin de l'automne avant de redresser la barre pour finir à la deuxième place du Top 14 et accéder directement en demi-finales grâce à un jeu conquérant. Peut-il aujourd'hui recoller les morceaux? "Il faut savoir réduire la voilure en terme d'objectif. Notre premier objectif est de retrouver la confiance", prévient pour le moment l'entraîneur Fabien Galthié.