Faut-il changer ou revoir la loi Evin sur la publicité sur l'alcool ?

Pour la 2e fois en 2 mois, le gouvernement est monté au front, afin de défendre la loi Evin contre des tentatives de 30 parlementaires pour affaiblir ce texte qui limite la publicité sur l'alcool. Avec le lobby du vin, ils font pression pour distinguer publicité et "information" sur les produits.


La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a appelé les députés à "ne pas changer la loi" Evin de 1991 encadrant la publicité pour l'alcool, soutenue par son collègue Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement.

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Reportage F3 LR : T.Will et N.Chatail ©F3 LR

Un amendement sénatorial tendant à l'assouplir s'est insinué dans le projet de loi Macron, en première lecture. "La loi Macron ne peut pas servir à détricoter les politiques de santé publique", a lancé lundi la ministre.
Il y a deux mois, la même tentative avait été faite via un amendement parlementaire au projet de loi Santé, comme l'a rappelé Mme Touraine : "le débat a eu lieu (...) entre ceux qui souhaitaient durcir et ceux qui souhaitaient assouplir la loi Evin", a-t-elle relevé.

Claude Evin, père de la loi du même nom, s'est déclaré "très inquiet" dans Le Parisien. Sous son apparence technique, l'amendement en cause libérera de facto la possibilité de faire de la publicité pour l'alcool "et ce, quasiment sans limite", explique-t-il. Ce serait la mort de cette loi, prophétise-t-il.

Les alcoologues avaient déjà lancé un cri d'alarme lors de la précédente tentative.

Si l'amendement était voté, écrivaient-ils, au président de la République, "c'est l'ensemble de la population, et notamment les jeunes, qui serait exposée à une promotion sans limite en faveur de la consommation d'alcool".
Ces professionnels de santé avaient rappelé à cette occasion que l'alcool est l'un des causes principales des morts évitables en France, notant qu'il est "est directement responsable de 49.000 morts par an".
Début avril l'Assemblée avait supprimé les mesures en question au nom de l'équilibre de la loi Evin.
Les mesures incluaient notamment la possibilité controversée d'adapter le célèbre message "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé" en fonction des supports de communication et produits.

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Le lobby de l'alcool fait pression

Cette fois, les alcoologues remontent au créneau "contre le lobby de l'alcool et ses relais parlementaires" et jugent que la nouvelle tentative, sous prétexte de distinguer publicité et information, "vise à vider la loi Evin de sa substance".

Une "initiative d'autant plus scandaleuse que les dépenses de publicité pour les boissons alcoolisées n'ont cessé de croître pour atteindre 460 millions d'euros en 2011, soit bien au-delà des 3,5 millions de crédits consacrés à la prévention en ce domaine", ajoutent-ils.

C'est le puissant lobby des publicitaires qui est aujourd'hui à la manoeuvre", accuse pour sa part M. Evin, en évoquant "le marché de la publicité énorme, notamment pour les bières et les alcools forts".


Le député PS de la Gironde Gilles Savary a pour sa part dénoncé la "surréaction du lobby hygiéniste" à l'amendement sénatorial de Gérard César (Les Républicains, ex-UMP). L'ensemble du groupe viticulture de l'Assemblée nationale, présidé par la députée socialiste et viticultrice Catherine Quéré (Charente-Maritime), a aussi appelé "en conscience et en responsabilité" à maintenir l'amendement adopté au Sénat, au motif qu'"il garantit un cadre clair pour la survie de notre viticulture, pour le développement des projets oenotouristiques locaux", entre autres.
Quant à Marine Le Pen, présidente du FN, elle avait carrément exprimé en novembre 2014 devant les viticulteurs  de la Nièvre la volonté de "supprimer" la loi Evin "dont l'efficacité est zéro".

Les ivresses et notamment les beuveries express (binge drinking) sont de plus en plus fréquentes chez les jeunes, et les filles sont en train de rattraper les garçons, selon des données chiffrées publiées en mars dernier par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes). 14% des 15-24 ans, 10% des 25-34 ans et 6% des 33-44 ans s'y sont adonnés au moins une fois dans l'année, d'après cette enquête.
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