Suite au comité central du groupe pharmaceutique, un cabinet d'experts pointe les incohérences du plan de restructuration. Peut-on parler de site stratégique à Montpellier si l'on supprime des activités de recherche et de développement.
"L'inconnue" du site de Sanofi à Toulouse reste entière, estiment des syndicalistes du groupe pharmaceutique le lendemain d'un comité central d'entreprise de la division recherche portant sur la restructuration, dictée par des choix financiers selon un cabinet d'expertise.
Le plan de la direction annoncé en juillet 2012 prévoit d'ici à 2015 914 suppressions nettes d'emplois (dont 170 dans la recherche et développement) et 800 redéploiements par mobilité interne, dont 300 d'une région à l'autre. A Montpellier ce sont près de 250 postes qui doivent être supprimés ou déplacés.
Dans ses conclusions, le rapport du cabinet d'experts Syndex mandaté par le CCE est critique sur les motifs et les modalités de la restructuration.
Il s'interroge aussi sur la baisse constante des ressources allouées à la branche de recherche et développement R&D Sanofi
Le cabinet estime qu'il faudrait que la direction supprime 343 postes (et non 170 comme annoncé en juillet) pour atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé.
A Montpellier, l'un des sites les plus touchés, "le recentrage stratégique proposé paraît bien fragile", dit Syndex. De manière plus générale, le cabinet juge que "la nature et les modalités de mise en ouvre du présent projet sont de nature à aggraver la situation du collectif".
La représentante CFDT du site de Montpellier qui siège au CCE en donne quelques exemples :"que dire de la suppression du quart des effectifs à Montpellier consacrée aux tests sur animaux ou encore du déplacement du développement chimique à Sisteron ?"
Incohérence entre la politique affichée et les moyens engagés
"La stratégie scientifique mise en avant dans le projet apparaît bien timorée au regard de l'ambition affichée de la direction de la R&D Sanofi et des moyens d'un des plus grands groupes de santé au monde", ajoutent les experts.
"Un nouveau modèle de R&D plus +financiarisé+ semble émerger, dans lequel le groupe arbitrerait les projets et les ressources en fonction de critères de rentabilité et de partage de risques (...)", estime encore le cabinet d'expertise. "Les projets de recherche sont de plus en plus assimilés à des coûts fixes (ce qu'elles ont toujours été!) et non plus comme un investissement préparant l'avenir", dit-il.
Les salariés attendent la décision de la cour d'appel de Paris, le 11 mars, saisie par le CCE. Le CCE dénonce l'absence d'un plan de reclassement interne conforme, notamment pour les salariés de Montpellier dont les postes vont être supprimés.
L'intersyndicale de Toulouse (CFDT, Sud Chimie, CGT, CFE-CGC) doit rencontrer aujourd'hui 22 février un représentant de la mission ministérielle qui doit réfléchir au sort du site. L'occasion d'essayer de faire entendre au gouvernement qu'"on peut restructurer tout en gardant l'emploi", dit Pascal Delmas (CFDT).