Mohed Altrad, patron d'un important groupe industriel, et président du club de rugby de Montpellier, a reçu le prix mondial de l'entrepreneur de l'année 2015 décerné par le cabinet EY. Une première pour un Français, il a dédié son prix à la France "ce merveilleux pays".
Mohed Altrad représentait la France parmi les 64 gagnants de 53 pays dans lequel est organisé ce prix, qui lui a été remis lors du "EY World entrepreneur of the year", organisé du 3 au 7 juin à Monaco.
Il dirige le groupe Altrad, un des leaders européens des échafaudages et des services aux industries du BTP que Mohed Altrad a amené au premier plan européen, lui qui est arrivé sans le sou en France dans les années 70.
Aujourd'hui, Altrad, qui a fait son entrée en 2014 dans le classement Forbes des milliardaires, place son action certes dans une logique économique, mais veut aussi "renvoyer l'ascenseur à la société", affirmant à l'AFP qu'un entrepreneur ne doit pas être qu'un "robot qui fabrique de l'argent".
Le président d'EY en France, Jean-Pierre Letartre, a salué "le parcours exceptionnel" de l'homme d'affaires, né dans une tribu nomade syrienne, "qui a su faire preuve de courage, de persévérance et d'audace".
Invité du 12/13 Languedoc-Roussillon du 11 juin 2015.
Le parcours de Mohed Altrad, est plus qu'atypique
L'homme, d'une soixantaine d'années, ne connaît pas sa date de naissance, expliquant qu'il n'y avait pas d'état civil dans les tribus bédouines.
Il est arrivé en France, à Montpellier, vers ses 17 ans pour faire des études scientifiques, grâce à ses excellents résultats et une bourse de son pays d'origine, qui lui permettent de décrocher un doctorat en informatique.
De 1975 à 1980, il est ingénieur chez Alcatel, puis Thomson, avant de partir pour une compagnie pétrolière à Abou Dhabi.
Sa carrière d'entrepreneur débute en 1984, quand il crée sa propre entreprise d'informatique, qu'il revendra à Matra un an plus tard.
Il acquiert alors un fabricant d'échafaudages en faillite, première pierre du groupe Altrad.
Trente ans plus tard, le groupe, numéro 1 européen des échafaudages dont le siège est resté à Montpellier, compte 7.300 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 870 millions d'euros l'an dernier.
Avec le rachat du néerlandais Hertel, en mars dernier, Altrad va doubler son chiffre d'affaires à plus de 1,6 milliard d'euros et voir grossir ses effectifs à 17.000 salariés.
Amateur de rugby, Mohed Altrad a repris en 2011, le club de rugby de Montpellier, le MHR, alors en difficulté.
En mars dernier, l'homme d'affaires est entré à la 1.741e place dans le classement mondial Forbes des milliardaires en dollars.
Ce n'est pas Mohed Altrad qui a gagné, mais la France, ce merveilleux pays que je respecte tant", a réagi l'homme d'affaires.
Il s'est dit "fier" de ce prix, ajoutant que pour lui un entrepreneur doit "certes être performant sur la durée, mais aussi s'inscrire dans la cité".
Un entrepreneur ne doit pas se transformer en robot qui fabrique de l'argent, il faut ajouter d'autres dimensions à l'économique (...). Il faut renvoyer l'ascenseur à la société", a-t-il insisté, citant son implication dans le club de rugby de Montpellier.