Rencontre avec l'équipe du service de médecine légale du CHU de Montpellier. Infirmières, médecins et psychologues consacrent l'essentiel de leur temps à la prise en charge de victimes bien vivantes. Les autopsies mises en avant par les séries télévisées ne représentent que 10% de leur travail.
Nous avons passé une journée au sein de l'unité médico-judiciaire du CHU Lapeyronie à Montpellier, dirigée par le professeur Eric Baccino.
En 2011, une restructuration des services de médecine légale en France a mis en place des équipes pluridisciplinaires pour prendre en charge les victimes de violences. Infirmières, psychologues et médecins sont là pour accueillir les victimes, envoyées pour la plupart par les forces de l'ordre, dans le cadre d'un enquête judiciaire.
Mais toute personne victime de violences peut se rendre d'elle-même dans l'unité médico-légale du CHU, qu'elle souhaite ou pas porter plainte par la suite.
Ici, les infirmières sont diplômées en victimologie, les psychologues connaissent l'impact d'une procédure judiciaire sur les victimes, les médecins sont assermentés et délivrent des certificats complets, essentiels pour la suite de la procédure judiciaire et pour l'indemnisation des victimes.
L'autre avantage du service de médecine légale de Montpellier, c'est d'être ouvert 24h/24 et d'avoir à disposition l'ensemble des spécialistes et des techniques médicales de pointe du CHU.
Pour une victime, il y a un intérêt thérapeutique à être prise en charge par l'hôpital.
"Elle peut recevoir les traitements nécessaires après son agression et commencer une prise en charge psychologique" , détaille le professeur Eric Baccino, responsable du service de médecine légale au CHU de Montpellier.
Par ailleurs, à la demande des magistrats, dans le cadre d'une enquête judiciaire, les médecins légistes du CHU de Montpellier pratiquent quelques 600 autopsies chaque année. C'est la partie la plus connue de leur travail, mais les autopsies ne représentent que 10% de l'activité du service. Il s'agit de péciser les causes et surtout les modalités du décès pour aider les enquêteurs dans leur travail.
L'unité médicole-légale reçoit 3 000 victimes chaque année. Agressions, viols, maltraitance ou simple bagarre, c'est d'abord aux infirmières d'instaurer une relation de confiance, avec des personnes souvent en état de choc. Puis le médecin légiste aide la victime à structurer le récit de son agression pour établir notamment leur correspondance avec les blessures constatées.
L'autre activité essentielle des légistes, c'est leur intervention en garde-à-vue, 3 à 4 000 chaque année. Ainsi, dans une même journée, les médecins légistes peuvent s'entretenir avec une victime et son agresseur supposé.
Quand nous l'avons suivi, le docteur Emmanuel Margueritte s'est rendu au commissariat de Montpellier pour vérifier la compatibilité de l'état de santé d'un suspect avec sa garde-à-vue.
Le reportage de Carine Alazet, Benoît de Tugny et Thierry Will :