Anne Fraisse et la direction de l'université Montpellier 3 tiennent à être transparentes sur le projet de fermeture de l'antenne de Béziers et les problèmes financiers de l'UM3. Dans un courrier adressé aux étudiants et aux personnels, la présidente explique ses démarches auprès de sa tutelle.
Extrait d'une phrase de l'entretien de la ministre Geneviève Fioraso
"Il y a eu manifestement un problème au niveau de l'université", explique la ministre, qui se défend d'un éventuel désengagement de l'Etat.
Attaquée à mots feutrés, sur la gestion de l'université UM3, par la ministre de l'enseignement supérieur, Anne Fraisse, la présidente de l'université de Lettres, Paul Valéry de Montpellier, dit tout dans un courrier adressé aux étudiants et aux personnels. Ses démarches depuis 2011 auprès du ministère et du rectorat, ces courriers d'alerte, et les réponses.
Anne Fraisse part en guerre pour "son" université et pour contrer ce qu'elle nomme "des allégations portées contre l'université".
"Aucune des allégations portées contre l'université n'est exacte. Je ne veux pas savoir si Mme la ministre connaît mal le dossier, si elle est mal conseillée ou si elle fait ces déclarations sciemment; ce n'est pas ce qui m'importe. Je prends acte de son engagement de permettre le fonctionnement normal et durable du site de Béziers et puisque nous apportons publiquement la preuve que les difficultés actuelles sont le fait exclusif du Ministère de l'enseignement supérieur et qu'il en a toujours été informé, j'attends que les erreurs commises par le passé soient réparées au plus vite". Extrait du courrier d'Anne Fraisse.
Le courrier de la présidente de l'université de Montpellier 3
Chers étudiants, chers collègues,
Dans un entretien au journal Midi-Libre paru aujourd'hui, Madame la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche fait peser sur l'université Paul Valéry Montpellier 3, la responsabilité des difficultés financières que nous connaissons plutôt que d'assumer les conséquences annoncées de sa politique. La ficelle est très grosse. Afin de démontrer l'inanité de ces accusations, j'ai décidé de diffuser sur le site internet de l'université (rubrique L'Université / La Présidente, l'équipe de direction) les courriers échangés depuis 3 ans avec le ministère afin que chacun puisse en prendre connaissance
Vous pourrez ainsi constater que, le 4 novembre 2011, l'université a interpellé le cabinet de la ministre à propos du budget initial 2012. Puisque le ministère sous-estimait volontairement le coût de la masse salariale transférée dans le cadre de l'autonomie, je demandais s'il fallait faire apparaître ce déficit ou s'il fallait s'en tenir à l'estimation du ministère et présenter un budget insincère (document 1, p. 2 point 6).
Le 16 novembre 2011, M. Patrick Hetzel, directeur de l'enseignement supérieur, aujourd'hui député, et Frédéric Guin, directeur des affaires financières, promu par décret du président de la République du 14 mars 2013 secrétaire général du ministère de l'éducation nationale et du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche répondaient, en langage technocratique, en nous imposant de nous en tenir à l'estimation faite par le ministère et donc de présenter un budget insincère (document 2, p. 3, point 6). Non sans un certain cynisme, ils précisaient même qu'en sous-estimant la masse salariale le conseil d'administration pouvait être certain de ne pas avoir à rendre d'argent au ministère ; un comble.
Bien évidemment cette information a été portée à la connaissance du conseil d'administration (compte-rendus n°448 du 13 décembre 2011 et n°465 du 28 mai 2013) où le ministre est représenté par le recteur, chancelier des universités. Elle figure également, pp.6 et 7 du rapport de gestion 2012 présenté au conseil d'administration et qui est transmis à la cour des comptes.
Par courrier du 13 janvier 2012, M. le recteur accusait réception du budget de l'université et indiquait qu'il n'avait pas d'observations particulières à formuler (document 3). Le recteur a, d'ailleurs, toujours souligné le sérieux de la gestion financière de l'université allant jusqu'à rendre hommage au travail de nos services lorsqu'il a approuvé le budget 2013 en déficit (document 4, courrier du 17 décembre 2012).
Enfin, s'agissant de l'essentiel, c'est à dire du risque que le désengagement de l'État faisait courir à l'université et au site de Béziers, il a été discuté avec les services de l'État le 2 septembre 2013 comme en témoigne le compte-rendu de la réunion rédigé par la chancellerie (document 5).
Aucune des allégations portées contre l'université n'est exacte. Je ne veux pas savoir si Mme la ministre connaît mal le dossier, si elle est mal conseillée ou si elle fait ces déclarations sciemment; ce n'est pas ce qui m'importe. Je prends acte de son engagement de permettre le fonctionnement normal et durable du site de Béziers et puisque nous apportons publiquement la preuve que les difficultés actuelles sont le fait exclusif du Ministère de l'enseignement supérieur et qu'il en a toujours été informé, j'attends que les erreurs commises par le passé soient réparées au plus vite.
Anne Fraisse
Retrouvez les documents en ligne de la présidente de l'université