François Fillon, très net vainqueur de la primaire de la droite face à Alain Juppé a réalisé de très gros score dans les quatre départements du littoral. Cela confirme-t-il l'installation d'une droite plus radicale dans ces départements ? Là où le Front national réalise déjà de bons scores.
Sur 10.008 des 10.229 bureaux dépouillés, selon les chiffres disponibles sur le site de la Haute autorité, François Fillon recueillait 66,5% des suffrages contre 33,5% pour Alain Juppé. Une victoire encore plus appuyée dans les départements du Languedoc-Roussillon où son score dépasse les 70 %.
Avec 9 points de plus que la moyenne nationale, les Pyrénées-Orientales plébiscitent le candidat Fillon au deuxième tour de la Primaire de droite.
Dans le Gard et l'Aude Fillon atteint les 74 %, il dépasse les 80 % au Grau du Roi.
Dans l'Hérault, seule la ville de Montpellier vote Fillon avec 69,5 %, un score proche de la moyenne nationale.
La Lozère ne fait pas exception avec un score dépassant les 71 %
L'analyse d'Emmanuel Négrier chercheur CNRS à Montpellier
Les résultats du second tour des primaires de la droite et du centre modifient peu les enseignements que nous tirions du premier tour : une domination sans partage de François Fillon, et la persistance d’une double identité politique, entre les deux anciennes régions, mesurable à l’identité du challenger (Sarkozy en littoral ; Juppé en arrière-pays). Au second tour, le constat se nuance un peu. On voit se confirmer l’identité d’une droite moins modérée, historiquement sarkoziste, où le Front National est influent, dans les départements littoraux. La Lozère reste en retrait, ainsi que beaucoup de départements de l’ex-Midi-Pyrénées, où François Fillon est plus proche de 60% que de 70% des voix. Mais on voit aussi que deux départements de l’ouest occitan propulsent François Fillon à un niveau supérieur à 70% : le Tarn et le Tarn-et-Garonne. Ce n’est pas un hasard. Le point commun de tous ces départements de l’ouest et de l’est littoral est que le vote FN y est important et que la droite y est implantée dans des fiefs. Ce sont les départements d’une droite plaçant dans une certaine radicalité l’espérance de résister à la vague lepéniste en 2017.
Mais les électeurs FN se laisseront-ils séduire par le retour d’un discours finalement assez proche de celui de Nicolas Sarkozy dans les années 2006-2007 ? Est-ce François Fillon, par sa radicalité, qui captera une part de l’électorat FN ? Ou bien au contraire, si elle était maintenue, cette ligne idéologique ne rétrécira t-elle pas la base électorale de François Fillon, en lui aliénant des voix centristes, toujours nécessaires à la victoire d’un candidat de droite ? Telles sont les incertitudes de la droite durcie d’Occitanie.